Rapport du directeur de l’Unité des enquêtes spéciales - Dossier nº 22-OVI-120

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Mandat de l’UES

L’Unité des enquêtes spéciales (« l’UES » ou « l’Unité ») est un organisme civil d’exécution de la loi qui enquête sur les incidents mettant en cause un agent et impliquant un décès, une blessure grave, la décharge d’une arme à feu contre une personne ou une allégation d’agression sexuelle. Selon la définition de la Loi de 2019 sur l’Unité des enquêtes spéciales (Loi sur l’UES), « agents » s’entend des agents de police, des agents spéciaux employés par la Commission des parcs du Niagara et des agents de la paix en vertu de la Loi sur l’Assemblée législative. La compétence de l’UES s’étend à plus de 50 corps de police municipaux, régionaux et provinciaux en Ontario.

En vertu de la Loi sur l’UES, le directeur de l’UES doit établir, d’après les preuves recueillies dans le cadre d’une enquête, s’il existe des motifs raisonnables de croire qu’un agent a commis une infraction criminelle. Si de tels motifs existent, le directeur a le pouvoir de faire porter une accusation criminelle contre cet agent. Par contre, en l’absence de tels motifs, le directeur ne peut pas porter d’accusation. Dans ce cas, un rapport d’enquête est rédigé et rendu public, sauf s’il portait sur des allégations d’agression sexuelle, auquel cas le directeur de l’UES peut consulter la personne concernée et exercer son pouvoir discrétionnaire de ne pas publier le rapport pour protéger la vie privée de la personne concernée.

Restrictions concernant la divulgation de renseignements

Loi de 2019 sur l’Unité des enquêtes spéciales

En vertu de l’article 34, certains renseignements peuvent être omis de ce rapport, notamment :
  • le nom d’un agent impliqué, d’un agent témoin, d’un témoin civil ou d’une personne concernée, ainsi que tout renseignement permettant d’identifier ces personnes; 
  • des renseignements qui pourraient amener à ce que l’identité d’une personne ayant signalé avoir été agressée sexuellement soit révélée dans le contexte de l’agression sexuelle; 
  • des renseignements qui, de l’avis du directeur de l’UES, peuvent présenter un risque de préjudice grave pour une personne; 
  • des renseignements qui divulguent des techniques ou méthodes d’enquête; 
  • des renseignements dont la diffusion est interdite ou restreinte par la loi; 
  • des renseignements pour lesquels la protection de la vie privée d’une personne obtenue grâce à leur non-publication l’emporte clairement sur l’intérêt public de les publier.

Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée

En vertu de l’article 14 (article relatif à l’exécution de la loi), certains renseignements peuvent être omis de ce rapport, notamment : 
  • des renseignements qui révèlent des techniques ou méthodes d’enquête confidentielles utilisées par des organismes chargés de l’exécution de la loi; 
  • des renseignements dont on pourrait raisonnablement s’attendre à ce que leur divulgation ait pour effet de faire obstacle à une question qui concerne l’exécution de la loi ou à une enquête menée préalablement à une instance judiciaire. 
En vertu de l’article 21 (article relatif à la vie privée), le présent rapport ne contient aucun renseignement personnel protégé, notamment : 
  • les noms de personnes, y compris des témoins civils et des agents impliqués et témoins; 
  • des renseignements sur le lieu de l’incident; 
  • les déclarations des témoins et les éléments de preuve qui ont été fournis à l’UES à titre confidentiel dans le cadre de l’enquête; 
  • d’autres identifiants susceptibles de révéler des renseignements personnels sur les personnes concernées par l’enquête. 

Loi de 2004 sur la protection des renseignements personnels sur la santé

En vertu de cette loi, le présent document ne contient aucun renseignement personnel sur la santé de personnes identifiables.

Autres instances, processus et enquêtes

Il se peut que certains renseignements aient été omis du présent rapport parce que leur divulgation pourrait compromettre l’intégrité d’autres instances liées au même incident, par exemple des instances pénales, des enquêtes du coroner, d’autres instances publiques ou d’autres enquêtes menées par des organismes d’exécution de la loi.

Exercice du mandat

En vertu de l’article 15 de la Loi sur l’UES, l’UES peut enquêter sur la conduite d’agents (agents de police, agents spéciaux de la Commission des parcs du Niagara ou agents de la paix en vertu de Loi sur l’Assemblée législative) qui pourrait avoir entraîné un décès, des blessures graves, une agression sexuelle ou la décharge d’une arme à feu contre une personne.

Une personne subit une « blessure grave » qui relève de la compétence de l’UES si, selon le cas : elle subit une blessure pour laquelle elle est admise à l’hôpital, elle souffre d’une fracture du crâne, d’un membre, d’une côte ou d’une vertèbre, elle souffre de brûlures sur une grande partie du corps, ou elle subit une perte de la vision ou de l’ouïe par suite d’une blessure.

De plus, une « blessure grave » désigne toute autre blessure subie par une personne susceptible d’avoir des répercussions sur la santé ou le confort de cette personne et qui n’est pas de nature passagère ou bénigne.

Ce rapport porte sur l’enquête menée par l’UES sur la blessure grave subie par un adolescent de 18 ans (le « plaignant »).

L’enquête

Notification de l’UES

Le 30 avril 2022, vers 5 h 37, le Service de police régional de Durham (SPRD) a communiqué avec l’UES et donné les renseignements suivants.

Le 30 avril 2022, vers 3 h 33 du matin, des agents ont répondu à un appel pour invasion de domicile à Bowmanville. Les suspects n’ont pas réussi à entrer dans la maison et ont pris la fuite à bord d’un véhicule. Les agents ont repéré le véhicule sur l’avenue Bowmanville et ont commencé à le poursuivre. La poursuite a pris fin dans le stationnement du Canadian Tire, au 2000 Green Road, où le véhicule suspect a percuté un lampadaire. Les occupants du véhicule ont tenté de fuir à pied, mais ont été appréhendés. Un homme s’est plaint d’avoir mal au bras et a été emmené à l’hôpital de Bowmanville où il a été déterminé qu’il avait un bras fracturé.

L’équipe

Date et heure de l’envoi de l’équipe : 30 avril 2022 à 7 h 09

Date et heure d’arrivée de l’UES sur les lieux : 30 avril 2022 à 7 h 48

Nombre d’enquêteurs de l’UES assignés : 4
Nombre d’enquêteurs spécialistes des sciences judiciaires de l’UES assignés : 2

Personne concernée (le « plaignant ») :

Homme de 18 ans, a participé à une entrevue

Le plaignant a participé à une entrevue le 30 avril 2022.


Témoins civils (TC)

TC no 1 N’a pas participé à une entrevue (a refusé)
TC no 2 À participé à une entrevue

Le témoin civil a participé à une entrevue le 30 avril 2022.
 

Agent impliqué (AI)

AI N’a pas consenti à se soumettre à une entrevue ni à remettre ses notes, comme la loi l’y autorise en tant qu’agent impliqué.


Agents témoins (AT)

AT no 1 À participé à une entrevue
AT no 2 À participé à une entrevue
AT no 3 À participé à une entrevue
AT no 4 À participé à une entrevue

Les entrevues avec les agents témoins ont eu lieu le 4 mai et le 20 mai 2022.


Éléments de preuve

Les lieux

Les enquêteurs spécialistes des sciences judiciaires de l’UES ont examiné les lieux.

Le 2000 Green Road est l’adresse d’un grand centre commercial qui regroupe des magasins entourés d’un stationnement. Immédiatement à proximité se trouve un Canadian Tire, dont la façade fait face au sud, vers Highway 2. Le centre commercial a une entrée depuis Green Road, à l’est du magasin Canadian Tire. Cette entrée est à l’intersection de Green Road et de Stevens Road et est contrôlée par des feux de signalisation. Green Road est une rue nord-sud qui longe le centre commercial, près du Canadian Tire.

Le stationnement lui-même est d’un type courant pour un grand centre commercial. Il est pavé, avec des marquages peints au sol pour le contrôle de la circulation, la direction et le stationnement. Le terrain est parsemé de bordures, de terre-pleins gazonnés, d’arbres et de parterres de fleurs. Il y a aussi des panneaux d’arrêt, des lampadaires et quelques bandes de ralentissement.

Les enquêteurs spécialistes des sciences judiciaires de l’UES ont analysé l’entrée du stationnement depuis Green Road et Stevens Road et constaté des rainures profondes dans la chaussée qui suggéraient que le châssis d’un véhicule avait heurté la chaussée. Plus à l’ouest de ces rainures, il y avait des marques de pneus et d’autres rainures suivant un trajet vers l’ouest dans le stationnement, en lacet vers la droite, heurtant les bordures, les terre-pleins centraux et les trottoirs tout au long, et se terminant à l’endroit où se trouvait une Nissan Altima sans plaques d’immatriculation.

La Nissan faisait face au nord-est, près d’un lampadaire. Le lampadaire et le véhicule avaient tous des dommages qui confirmaient la collision du véhicule contre le lampadaire. L’avant du véhicule était très endommagé. Il n’y avait aucun autre dommage qui suggèrerait que le véhicule avait heurté un autre véhicule ou objet.

La photographie qui suit montre l’état du véhicule lors de l’examen.


Figure 1 – Les lieux

Figure 1 – Les lieux

Il y avait un pistolet semi-automatique de 9 mm sur le siège du passager avant du véhicule qui avait été sécurisé avant son examen par les enquêteurs de l’UES. Un chargeur de pistolet chargé et deux cartouches de 9 mm se trouvaient à côté du pistolet.

Schéma des lieux

Schéma des lieux

Éléments de preuve matériels

Outre les lieux, les enquêteurs spécialistes des sciences judiciaires de l’UES ont examiné et photographié les véhicules de police que conduisaient les agents en cause et l’équipement de recours à la force de chacun de ces agents.

Aucun de ces articles ne présentait quoi que ce soit qui pourrait constituer un élément de preuve et aucun n’a donc été recueilli par les enquêteurs.


Véhicules de police

Tous les véhicules de police impliqués ont été examinés et photographiés. Ils portaient tous les inscriptions identifiant le service de police et étaient équipés de gyrophares et d’une sirène qui fonctionnaient correctement lors de l’examen par les enquêteurs. Aucun ne présentait de dommages qui suggéreraient qu’il était entré en contact avec un autre véhicule.

Éléments de preuves médicolégaux


Données du système de positionnement global (GPS)

L’UES a analysé les données GPS associées aux véhicules de l’AI et de l’AT no 4 – les agents au volant de chacun des deux premiers véhicules de police qui ont poursuivi le véhicule suspect, respectivement. L’analyse comprenait une comparaison de ces données GPS à la vidéo de la collision du véhicule suspect avec le lampadaire.

L’analyse a permis d’estimer l’emplacement respectif ces deux véhicules de police au moment de la collision. L’analyste pouvait voir l’horodatage sur la vidéo et, comme il savait où se trouvait l’AI après son entrée dans le stationnement, il a fait une comparaison avec l’horodatage des données GPS du véhicule de police.

L’AI se dirigeait vers l’ouest sur Stevens Road (depuis l’avenue Bowmanville), à l’ouest du boulevard Clarington, et roulait à une vitesse de 106 à 130 km/h quand le véhicule suspect a percuté un lampadaire. L’agent se trouvait à environ 375 mètres à l’est du lieu de la collision lorsqu’elle s’est produite.

L’AT no 4 se dirigeait aussi vers l’ouest sur Stevens Road (depuis l’avenue Bowmanville). Il était à l’est du boulevard Clarington et roulait à une vitesse de 97 à 116 km/h quand le véhicule suspect a percuté le lampadaire. Il se trouvait alors à environ 500 mètres à l’est du lieu de la collision et à 125 mètres derrière l’AI.

Éléments de preuve sous forme de vidéos, d’enregistrements audio ou de photographies [1]


Enregistrements des communications

L’UES a demandé les enregistrements des communications de la police le 2 mai 2022 et les a reçus le 12 mai 2022.


Appel au 9-1-1

Le 30 avril 2022, à 3 h 33 min 7 s, une femme appelle le 9-1-1 et demande à la police de se rendre chez elle. Deux ou trois hommes sont entrés chez elle par le sous-sol; ils ont une arme à feu et sont repartis dans un véhicule.


Enregistrements des communications sur le réseau radio de la police

Le 30 avril 2022, à 3 h 34 min 48 s, un répartiteur demande par radio que des agents se rendent à une adresse pour une introduction par effraction par quatre hommes, dont l’un a une arme à feu. Les hommes sont entrés au sous-sol avant de repartir dans un véhicule.

Des agents de police [maintenant connus pour être l’AT no 2 et l’AT no 3] répondent. D’autres agents de police [maintenant connus comme étant l’AI, l’AT no 1 et l’AT no 4] demandent aussi à être affectés à l’appel.

L’AI dit qu’il suit une Nissan Altima noire dont les phares sont éteints sur Highway 2. Il dit que la voiture roule vers l’ouest sur Stevens Road et [traduction] « File à toute allure dans le centre commercial du Canadian Tire ». Il annonce peu après que deux hommes [maintenant connus pour être le TC no 1 et le plaignant] ont abandonné la voiture et se sont enfuis à pied.

Le répartiteur dit aux agents de se rendre au stationnement du Canadian Tire.

L’AT no 4 demande qu’une ambulance attende au coin de la rue parce qu’un homme [maintenant connu comme étant le plaignant] s’est plaint d’une blessure au bras. L’AT no 1 et le plaignant sont allongés par terre à plat ventre.

L’AT no 3 demande ensuite que l’ambulance vienne parce que le bras du plaignant est [traduction] « en mauvais état ». Le répartiteur répond que l’ambulance sera là dans cinq minutes.

La transmission suivante est d’un agent qui demande du renfort à l’emplacement du véhicule du suspect parce qu’il y a un autre homme [maintenant connu pour être le TC no 2] à l’intérieur. Quelqu’un dit ensuite que le TC no 2 est sous garde, après quoi l’AT no 4 demande une autre ambulance pour le TC no 1, qui se plaint de douleurs à la poitrine.

La dernière annonce est de l’AI qui dit qu’on a dû amener les trois hommes à l’hôpital.


Enregistrement de vidéosurveillance de Canadian Tire

Le 30 avril 2022, l’UES a recueilli quatre séquences de vidéosurveillance du Canadian Tire au 2000 Green Road. Les horodatages de ces vidéos n’étaient pas cohérents entre eux. Aucune ne contenait de composant audio.


Première vidéo

Le 30 avril 2022, à 3 h 40 min 55 s, le véhicule suspect roule vers l’ouest sur Stevens Road. À 3 h 40 min 56 s, il s’engage dans l’intersection de Stevens Road et de Green Road et brûle le feu rouge. Il s’agit d’une intersection en T avec l’entrée du stationnement du Canadian Tire où se termine Stevens Road. Le véhicule roule à vive allure et entre dans le stationnement. À 3 h 40 min 59 s, il heurte une bande surélevée, comme un ralentisseur, décolle et heurte le socle en béton d’un lampadaire, côté conducteur.

À 3 h 41 min 3 s, un homme [maintenant connu comme étant le plaignant] sort par la fenêtre arrière, côté conducteur, tombe par terre, se relève et court vers l’ouest à travers le stationnement. Pendant qu’il court, son bras droit pend d’une manière peu naturelle le long de son torse.

À 3 h 41 min 6 s, un autre homme [maintenant connu comme étant le TC no 1] sort par la porte du passager avant, contourne l’arrière du véhicule en courant et poursuit sa course vers l’ouest dans le stationnement.

À 3 h 41 min 11 s, un véhicule de police [maintenant connu pour être celui conduit par l’AI] entre dans le stationnement, ses gyrophares activés, et roule vers l’ouest derrière les deux hommes.

À 3 h 41 min 16 s, un deuxième véhicule de police [maintenant connu pour celui conduit par l’AT no 4] entre dans le stationnement, ses gyrophares activés, et se dirige aussi vers l’ouest à la poursuite des deux hommes.

À 3 h 41 min 18 s, le plaignant et le TC no 1 sortent du champ de vision de la caméra.

Les deux véhicules de police sortent ensuite du champ de vision de la caméra, le premier à 3 h 41 min 20 s et le deuxième, à 3 h 41 min 24 s

À 3 h 41 min 52 s, un troisième véhicule de police entre dans le stationnement avec ses gyrophares activés. Il se dirige vers l’ouest et sort du champ de vision de la caméra.

À 3 h 45 min 20 s, un homme [non identifié au cours de cette enquête] sort du côté passager de la voiture suspecte et, une fois debout à côté du véhicule, regarde autour de lui. À 3 h 45 min 48 s, il remonte dans la voiture. Il en ressort à 3 h 46 min 48 s, ouvre la porte arrière, côté passager, et se penche dans le véhicule. À 3 h 47 min 35 s, il se redresse, fait quelques pas, puis se penche de nouveau dans la voiture. À 3 h 48 min 4 s, il est debout, ferme la portière du véhicule et court vers l’est jusqu’à l’allée de sortie du stationnement puis vers le sud sur Stevens Road.

À 3 h 48 min 30 s, un véhicule de police entre dans le champ de vision de la caméra, traverse le stationnement vers l’est et s’immobilise face au sud-est à l’endroit où se trouve le véhicule suspect. À 3 h 48 min 39 s, un agent sort de ce véhicule de police, dégaine son arme et la pointe sur la voiture. À 3 h 49 min 6 s, un deuxième agent entre dans le champ de vision de la caméra et marche vers l’est, en direction du véhicule de police. Les agents s’approchent prudemment de la voiture. Un agent de police aide un homme [maintenant connu comme étant le TC no 2] à sortir de voiture par la fenêtre du côté conducteur, le menotte dans le dos et l’aide à s’asseoir sur un trottoir à proximité.


Deuxième vidéo

À 3 h 34 min 44 s, deux hommes [maintenant connus comme étant le plaignant et le TC no 1] entrent dans le champ de vision de la caméra. Ils courent vers l’ouest et sortent du champ de vision.

À 3 h 34 min 50 s, un véhicule de police [maintenant connu pour être celui conduit par l’AI] entre dans le champ de vision, roule vers l’ouest et, à 3 h 34 min 53 s, sort du champ de vision. À 3 h 34 min 55 s, un deuxième véhicule de police [maintenant connu pour être celui conduit par l’AT no 4] entre dans le champ de vision et roule vers l’ouest avant de disparaître du champ de vision. À 3 h 35 min 33 s, un troisième véhicule de police entre dans le champ de vision et roule vers l’ouest avant disparaître du champ de vision. À 3 h 42 min 46 s, un véhicule de police entre dans le champ de vision depuis le coin supérieur gauche de l’écran, se dirige vers l’est et s’arrête suivant un angle sud-est. Un agent sort du véhicule et un autre agent le rejoint. Les deux disparaissent en bas à gauche de l’écran.

À 3 h 46 min 38 s, on peut voir sur la vidéo un homme [désormais connu comme étant le TC no 2] qu’on escorte et qu’on aide à s’asseoir sur le trottoir.


Troisième vidéo

Le 30 avril 2022, à 3 h 34 min 52 s, deux hommes [maintenant connus comme étant le plaignant et le TC no 1] entrent dans le champ de vision de la caméra depuis la droite. Ils courent vers l’ouest et disparaissent du champ de vision.

À 3 h 34 min 55 s, un véhicule de police [maintenant connu pour être celui conduit par l’AI] entre dans le champ de vision de la caméra depuis la droite et s’arrête à l’entrée ouest du Canadian Tire. L’AI sort du véhicule et marche vers l’ouest, son arme dégainée pointée devant lui.

À 3 h 34 min 58 s, un véhicule de police [maintenant connu pour être celui conduit par l’AT no 4] entre dans le champ de vision de la caméra depuis la droite, roule vers l’ouest et sort du champ de vision.

À 3 h 35 min 33 s, un troisième véhicule de police entre dans le champ de vision depuis la droite, roule vers l’ouest et sort du champ de vision.


Quatrième vidéo

Le 30 avril 2022, à 3 h 35 min 1 s, deux hommes [maintenant connus comme étant le plaignant et le TC no 1] entrent dans le champ de vision de la caméra, courent vers l’ouest et s’arrêtent au bord du garage de Canadian Tire. À 3 h 35 min 6 s, un véhicule de police entre dans le champ de vision et s’arrête au coin du garage de Canadian Tire. À 3 h 35 min 18 s, le plaignant et le TC no 1 sont assis par terre, et un agent [maintenant connu comme étant l’AT no 4] sort du véhicule de police avec son arme dégainée et se tient près du devant du véhicule, côté conducteur. À 3 h 35 min 29 s, un deuxième agent [maintenant connu comme étant l’AI] entre dans le champ de vision. Son arme est dégainée.

À 3 h 35 min 40 s, un deuxième véhicule de police entre dans le champ de vision de la caméra, se dirige vers l’ouest et se gare suivant un angle nord-ouest, face au garage. À 3 h 35 min 48 s, le coin avant d’un troisième véhicule de police apparaît dans le coin inférieur droit de l’écran. À 3 h 35 min 52 s, un agent sort du véhicule et se tient près du véhicule.

Trois agents s’approchent de la camionnette de la police et se mettent derrière. Pendant le reste de la vidéo, les agents contournent la camionnette et s’approchent du plaignant et du TC no 1. En raison des gyrophares des véhicules de police et de l’angle suivant lequel la camionnette est immobilisée, on ne peut pas bien voir les interactions entre le plaignant, le TC no 1 et les agents de police.


Vidéo de caméras corporelles de la police

AT no 4

L’UES a demandé la vidéo de la caméra corporelle de l’AT no 4 le 2 mai 2022 et l’a reçue le 12 mai 2022.

La vidéo commence le 30 avril 2022 à 3 h 40 min 38 s, avec une vue de l’intérieur du véhicule de police de l’AT no 4 qui roule vers l’ouest sur Stevens Road. Les gyrophares du véhicule sont activés. La vue devant le pare-brise du véhicule de police ne montre ni le véhicule suspect ni un autre véhicule de police.

À 3 h 40 min 53 s, le véhicule brûle un feu rouge à l’intersection en T de Stevens Road et de Green Road, et entre dans le stationnement du Canadian Tire. À 3 h 41 min 3 s, le véhicule dépasse un véhicule de police arrêté, sur sa droite, devant l’entrée principale du Canadian Tire.

À 3 h 41 min 8 s, la fonction audio est activée.

À 3 h 41 min 11 s, l’AT no 4 crie : [traduction] « Montrez-moi vos mains », tout en tenant son arme à feu dans la main droite, pointée au travers de la fenêtre ouverte de son véhicule, côté passager. À 3 h 41 min 13 s, il crie : [traduction] « Mettez les mains en l’air et mettez-vous à terre ». Deux hommes [connus maintenant comme étant le TC no 1 et le plaignant] lèvent les mains en l’air et s’assoient par terre. L’AT no 4 sort de son véhicule de police et annonce sur sa radio de police qu’il pointe son arme sur deux hommes au Canadian Tire. L’AT no 4 est debout à côté de la portière avant gauche de son véhicule de police. Il tient son arme à deux mains et dit : [traduction] « Allonge-toi par terre, je regarderai ton bras plus tard ». Le plaignant crie : [traduction] « Aidez-moi, aidez-moi. » L’AT no 3 apparaît sur la gauche de l’écran. Il marche avec son arme dégainée et pointée devant lui. L’AT no 4 dit au TC no 1 et au plaignant de s’allonger par terre. Le plaignant dit qu’il ne peut pas le faire parce que son bras est blessé. Il essaye de rouler sur le ventre et crie de douleur.

Les agents ordonnent à plusieurs reprises au TC no 1 et au plaignant de se mettre à plat ventre et de montrer leurs mains. Le plaignant dit : [traduction] « Mon bras est foiré, je vous en prie, aidez-moi. »

À 3 h 43 min 7 s, l’AT no 4 demande sur le réseau radio de la police qu’une ambulance attende au coin de la rue pendant qu’il décide avec l’AT no 3 comment s’approcher du plaignant et du TC no 1; ils doivent encore s’assurer qu’ils ne sont pas armés.

À 3 h 45 min 27 s, les agents s’approchent du TC no 1 et du plaignant. L’AT no 4 tient une lampe de poche au-dessus des hommes tandis que l’AT no 3 menotte le poignet gauche du TC n° 1. À 3 h 45 min 55 s, l’AT no 4 dit : [traduction] « Je pense que son bras est peut-être cassé », avant de placer un bracelet de ses menottes au poignet droit du TC n° 1 et de l’attacher aux menottes que l’AT no 3 a attachées au poignet gauche.

Le plaignant est allongé sur le côté gauche, son bras gauche tendu devant lui et son bras droit étendu en arrière dans une position qui ne semble pas naturelle.

L’AT no 1 et l’AI aident l’AT no 4 à fouiller le plaignant : l’AT no 1 tient le bras gauche du plaignant devant lui tandis que l’AI maintient d’une main le côté droit du plaignant. L’AT no 4 fouille les poches de ce dernier.

À 3 h 48 min 18 s, l’AT no 4 et l’AI font rouler le TC no 1 sur le dos et l’aident à se relever. Le TC no 1 se plaint de douleurs aux épaules. Les agents escortent le TC no 1 jusqu’au véhicule de police de l’AT no 4 où l’AT no 4 lui demande son nom et sa date de naissance.

À 3 h 55 min 1 s, la caméra change de direction et montre le plaignant allongé par terre. L’AT no 1 et l’AT no 2 sont debout à côté de lui.

À 3 h 56 min 12 s, l’AT no 4 demande une deuxième ambulance pour le TC n° 1 qui se plaint de douleurs à la poitrine et de problèmes cardiaques.

À 3 h 56 min 37 s, l’AT no 4 avise le TC no 1 qu’il est détenu pour introduction par effraction et possession d’une arme à feu.

À 3 h 57 min 26 s, une ambulance se gare à côté du plaignant.

À 3 h 57 min 41 s, l’AT no 4 lit au TC n° 1 ses « droits à un avocat ».

À 4 h 03 min 19 s, les ambulanciers relèvent le plaignant et l’aident à s’allonger sur une civière.

À 4 h 04 min 59 s, une autre ambulance arrive et un ambulancier paramédical s’occupe du TC no 1.

À 4 h 07 min 54 s, l’AI s’approche de l’AT no 4 et l’informe que le conducteur du véhicule suspect [maintenant connu comme étant le TC no 2] a besoin de soins médicaux parce qu’il a mal à la poitrine.

Le reste de la vidéo enregistre les conversations des agents au sujet du transport à l’hôpital du TC n° 1, du plaignant et du TC n° 2.


AT no 2

L’UES a demandé la vidéo de la caméra corporelle de l’AT no 2 le 2 mai 2022 et l’a reçue le 12 mai 2022.

À 3 h 41 min 28 s, la vidéo commence avec une vue intérieure d’un véhicule de police qui roule vers le nord à travers le stationnement du Canadian Tire. L’AT no 1 est au volant et l’AT no 2 est le passager. Le véhicule s’arrête devant le garage du Canadian Tire et la fonction audio de la caméra corporelle est activée.

À 3 h 41 min 54 s, l’AT no 2 sort du véhicule de police. Il tient son arme à feu à deux mains devant lui. Deux agents [connus maintenant comme étant l’AT no 3 et l’AI] marchent vers l’ouest, leurs armes à feu en main. L’AT no 2 contourne l’arrière du véhicule de police et se dirige vers un deuxième véhicule de police [maintenant connu pour être celui conduit par l’AT no 4].

Tous les agents sont derrière le véhicule de police de l’AT no 4.

Le reste de la vidéo de la caméra de l’AT no 2 montre les mêmes événements que ceux de la caméra de l’AT no 4, comme décrit ci-dessus.


AT no 1

L’UES a demandé la vidéo de la caméra corporelle de l’AT no 1 le 2 mai 2022 et l’a reçue le 12 mai 2022.

Les images étaient similaires à celles de la caméra corporelle de l’AT no 2.


AI

L’UES a demandé la vidéo de la caméra corporelle de l’AI le 2 mai 2022 et l’a reçue le 25 mai 2022.

La vidéo commence à 3 h 40 min 41 s avec une vue de l’intérieur du véhicule de police conduit par l’AI. Les gyrophares sont activés. La vue devant le pare-brise du véhicule ne montre pas le véhicule suspect ni un autre véhicule de police.

À 3 h 40 min 50 s, le véhicule franchit l’intersection de Stevens Road et de Green Road au feu rouge et entre dans le stationnement du Canadian Tire. Le champ de vision de la caméra est momentanément obstrué par une main.

À 3 h 41 min 1 s, l’agent arrête son véhicule de police devant le magasin Canadian Tire où on peut voir quelqu’un [maintenant connu comme étant le plaignant] courir le long du bâtiment, depuis le côté droit de l’écran sur la vidéo.

À 3 h 41 min 4 s, l’AI arrête son véhicule de police, ouvre sa portière, est dépassé par un véhicule de police [maintenant connu pour être celui conduit par l’AT no 4] dont les gyrophares sont activés, sort de son véhicule, marche vers l’ouest dans le stationnement, dégaine son arme à feu et l’a brandit devant lui. À 3 h 41 min 12 s, son arme à feu à bout de bras, il crie : [traduction] « Hé, les mains en l’air! À terre! ».

À 3 h 41 min 24 s, on peut voir le véhicule de police de l’AT no 4 s’arrêter au coin du garage du Canadian Tire. L’AI continue de donner des ordres et de marcher vers l’ouest. On peut entendre une voix [maintenant connue comme celle de l’AT no 4] crier aussi des ordres.

À 3 h 41 min 27 s, l’AI s’arrête à côté des portes du garage du Canadian Tire et crie : [traduction] « Montrez-moi vos mains! ». À 3 h 41 min 44 s, le plaignant crie : [traduction] « Aidez-moi, mon bras, aidez-moi, aidez-moi ». À 3 h 41 min 52 s, l’AI est à côté d’un véhicule de police et continue de crier des ordres, notamment : [traduction] « Retournez-vous maintenant ». À 3 h 41 min 58 s, l’AI contourne ce véhicule de police, dépasse l’AT no 3, s’arrête et pointe son arme à feu devant lui. Le plaignant est assis par terre au coin du garage du Canadian Tire puis s’allonge sur le dos. Il crie de douleur et demande de l’aide pour son bras. Les agents ordonnent au plaignant et au TC n° 1 de s’allonger sur le ventre et de montrer les mains. Le plaignant répète qu’il ne peut pas parce qu’il est blessé au bras.

À 3 h 43 min 6 s, l’AT no 4 demande qu’une ambulance attende au coin de la rue parce que le plaignant se plaint d’une blessure au bras.

À 3 h 43 min 41 s, l’AI dit : [traduction] « Je ne pense pas qu’il puisse, G-Dog, je pense que son bras droit… Je pense que son bras droit est foiré. » L’AI tient son arme à feu à deux mains devant lui, ce qui bloque la vue de la caméra sur le plaignant. À 3 h 44 min 51 s, l’AI lève légèrement les mains et on peut alors voir le plaignant allongé par terre et le TC no 1 qui commence à s’allonger, la main gauche en l’air. Le plaignant continue de crier à l’aide.

À 3 h 45 min 21 s, l’AI s’approche lentement du plaignant et du TC no 1. À 3 h 45 min 41 s, l’AT no 4 et l’AT no 3 s’approchent. L’AT no 3 commence à menotter le TC no 1. L’AT no 4 est debout derrière lui et pointe son arme à feu et une lampe de poche sur le plaignant et le TC no 1. À 3 h 45 min 54 s, l’AI abaisse son arme à feu et se dirige vers le plaignant, qui est allongé sur le côté gauche, la tête vers l’est. Son bras droit pend anormalement et dans une position qui n’est pas naturelle derrière son dos.

Le TC n° 1 est à plat ventre, le genou gauche plié derrière le plaignant, la tête vers l’ouest et son poignet gauche menotté.

L’AT 3 ne parvient pas à tirer le poignet droit du TC n° 1 pour le menotter à cause de la taille du TC n° 1.

À 3 h 46 min 28 s, l’AI demande au plaignant s’il est armé. Le plaignant répond par la négative.

À 3 h 46 min 43 s, l’AT no 4 utilise une deuxième paire de menottes pour menotter le TC n° 1 dans le dos.

À 3 h 46 min 35 s, l’AI dit : [traduction] « Je ne pense pas pouvoir le menotter, son bras est cassé. »

À 3 h 46 min 58 s, l’AT no 4 et l’AI fouillent le plaignant par palpation.

À 3 h 47 min 27 s, un agent demande quelle voiture appartient au plaignant et au TC n° 1, et l’AI lui répond : [traduction] « La voiture noire, ils se sont écrasés et se sont enfuis en courant ».

À 3 h 48 min 22 s, l’AI court vers l’est dans le stationnement et annonce par radio qu’il arrive. Il court et s’arrête derrière un véhicule de police en pointant son arme à feu devant lui. Il n’a aucune autre interaction avec le plaignant pendant le reste de la vidéo.

Les images suivantes ont capturé l’interaction de la police avec le TC no 2.

Éléments obtenus auprès du service de police

Sur demande, le SPRD a remis à l’UES les éléments et documents suivants entre le 2 mai et le 5 juillet 2022 :
  • Dossiers de la répartition assistée par ordinateur;
  • Rapport d’arrestation;
  • Vidéos de caméras corporelles;
  • Enregistrements des communications;
  • Données GPS;
  • Rapport de témoin de la police – TC no 1;
  • Rapport de témoin de la police – TC no 2;
  • Politique – Appréhension et poursuite;
  • Politique – Arrestation et exécution de mandat;
  • Politique – Caméras corporelles;
  • Police – Rédaction de notes dans le carnet;
  • Déclaration écrite de l’AT no 4;
  • Déclaration écrite de l’AT no 3;
  • Notes de l’AT no 4;
  • Notes de l’AT no 1;
  • Notes de l’AT no 3;
  • Notes de l’AT no 2.

Éléments obtenus auprès d’autres sources

L’UES a obtenu les éléments suivants auprès d’autres sources :
  • Rapport d’appel d’ambulance du service paramédical de la région de Durham;
  • Images de vidéosurveillance de Canadian Tire.

Description de l’incident

Les événements importants en question ressortent clairement des éléments de preuve recueillis par l’UES, y compris une entrevue avec le plaignant, et peuvent être brièvement résumés comme suit. L’AI n’a pas consenti à participer à une entrevue avec l’UES ni autorisé la communication de ses notes, comme la loi l’y autorise en tant qu’agent impliqué.

Le 30 avril 2022, au petit matin, le SPRD a reçu un appel au 9-1-1 signalant une introduction par effraction dans une résidence de Bowmanville. L’appelante avait précisé que l’un des agresseurs avait une arme à feu. Plusieurs agents ont été envoyés sur les lieux,

L’AI faisait partie des agents qui se rendaient sur les lieux. En cours de route, l’AI et les autres agents ont reçu un autre message par radio d’un collègue les avisant que deux véhicules suspects avaient quitté les lieux – l’un se dirigeait vers le nord sur l’avenue Bowmanville, l’autre vers le sud. L’AI a repéré le véhicule qui roulait vers le sud, a allumé ses gyrophares et a commencé à le poursuivre.
Le plaignant était passager à l’arrière du véhicule – une Nissan Altima. Le TC no 2 était au volant. La Nissan comptait deux autres passagers. Il y avait aussi une arme à feu chargée à l’intérieur. Le TC no 2 a viré pour se diriger vers l’ouest sur Stevens Road et a brûlé un feu rouge au boulevard Clarington et un autre feu rouge à Green Road avant d’entrer dans le stationnement du Canadian Tire au 2000 Green Road. Quelques instants plus tard, le véhicule a heurté un lampadaire en béton et s’est immobilisé au sud des portes d’entrée principales du Canadian Tire.

L’AI est arrivé au stationnement et a arrêté sa voiture de patrouille juste au nord du lieu de l’accident. À ce moment-là, le plaignant et l’un des autres passagers – le TC no 1 – avaient quitté la Nissan pour s’enfuir en courant vers l’ouest à travers le stationnement. L’agent est sorti de son véhicule de police et s’est lancé à leur poursuite, son arme à feu en main.

L’AT no 4 s’était également lancé à la poursuite du Nissan sur l’avenue Bowmanville, derrière le véhicule de l’AI. Quand il est arrivé dans le stationnement, le TC no 1 et le plaignant avaient pris la fuite et l’AI les poursuivait à pied. L’AT no 4 a dépassé l’AI, a rattrapé le TC no 1 et le plaignant et, depuis l’intérieur de son véhicule de police, par la fenêtre ouverte du passager avant, leur a ordonné de se mettre à terre.

Le TC no 1 et le plaignant ont obéi à l’ordre de l’AT no 4 et se sont mis à terre. Ils ont rapidement été placés sous garde sans autre incident. Il était évident que le plaignant avait subi une fracture au bras droit dans l’accident.

Après leur arrestation, le TC no 1 et le plaignant ont été conduits à l’hôpital où ce dernier a reçu un diagnostic de fracture de l’humérus droit.

Dispositions législatives pertinentes

Article 320.13 du Code criminel – Conduite causant des lésions corporelles

(2) Commet une infraction quiconque conduit un moyen de transport d’une façon dangereuse pour le public, eu égard aux circonstances, et cause ainsi des lésions corporelles à une autre personne.


 

Analyse et décision du directeur

Le plaignant a été grièvement blessé dans accident de véhicule à Bowmanville le 30 avril 2022. Comme le véhicule dans lequel il était passager était alors poursuivi par des véhicules du SPRD, l’UES a été avisée et a ouvert une enquête. L’agent au volant du véhicule en tête de la poursuite a été désigné comme agent impliqué (AI) aux fins de l’enquête de l’UES. L’enquête est maintenant terminée. Après avoir évalué les éléments de preuve, j’estime qu’il n’y a aucun motif raisonnable de croire que l’AI ait commis une infraction criminelle en lien avec la blessure du plaignant.

L’infraction à prendre en considération est la conduite dangereuse causant des lésions corporelles, une infraction visée par le paragraphe 320.13 (2) du Code criminel. La culpabilité serait fondée, en partie, sur la conclusion que la conduite constituait un écart marqué par rapport au niveau de prudence qu’une personne raisonnable aurait exercé dans les circonstances. En l’espèce, il faut trancher deux questions : l’AI, dans la manière dont il a conduit son véhicule de police a-t-il fait preuve d’un manque de prudence suffisamment flagrant pour justifier une sanction pénale, et, si c’est le cas, la conduite dangereuse de l’agent a-t-elle causé la collision ou y a-t-elle contribué. À mon avis, l’AI n’a pas fait preuve d’un tel manque de prudence.

L’AI était dans son droit de lancer une poursuite de la Nissan sur l’avenue Bowmanville. Il avait des raisons de croire que le véhicule venait de s’enfuir après une introduction par effraction impliquant une arme.

Je suis également convaincu que l’AI s’est comporté dans les limites de la prudence prescrite par le droit criminel. Pendant la majeure partie de la poursuite, l’AI était loin derrière de la Nissan – à une distance d’environ 375 mètres au moment de l’accident – de sorte qu’on ne peut pas dire qu’il a indûment provoqué ou incité la conduite dangereuse du TC no 2. Il est vrai qu’il a dépassé la limite de vitesse, mais il devait le faire pour ne pas perdre de vue la Nissan dont il fallait impérativement arrêter les occupants qui, d’après l’appel reçu, venaient de commettre une infraction grave. Rien n’indique non plus que la vitesse de l’AI ait directement mis en danger d’autres usagers de la route ou que de rouler à cette vitesse était mal avisé en raison des conditions météorologiques. En fait, il y avait peu de circulation aux alentours, la chaussée était sèche, le temps était clair et l’agent avait allumé ses gyrophares pour avertir les autres usagers de la route de sa vitesse. Le plus préoccupant est le fait que l’AI ne se soit pas arrêté à un ou plusieurs feux rouges pendant la poursuite. L’agent aurait dû le faire pour respecter le code de la route. Cela dit, ses manquements à cet égard n’étaient pas de nature à entraîner une sanction pénale compte tenu des circonstances atténuantes susmentionnées.

En dernière analyse, comme il n’y a aucun motif raisonnable de croire que l’AI se soit conduit autrement que légalement lors de la poursuite de la Nissan et de son interaction avec les occupants de celle-ci, il n’y a aucune raison de porter des accusations criminelles dans cette affaire. Le dossier est donc clos.


Date : 26 août 2022

Approuvé par voie électronique par

Joseph Martino
Directeur
Unité des enquêtes spéciales

Notes

  • 1) Les éléments de preuve suivants contiennent des renseignements personnels délicats qui ne sont pas divulgués conformément au paragraphe 34 (2) de la Loi de 2019 sur l’Unité des enquêtes spéciales. Les parties importantes de ces éléments de preuve sont résumées ci-après. [Retour au texte]

Note:

La version originale anglaise signée du rapport fait autorité. En cas de divergence entre cette version et les versions anglaise ou française en ligne, la version originale anglaise signée du rapport l’emporte.