Rapport du directeur de l’Unité des enquêtes spéciales - Dossier nº 23-PVI-276

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Mandat de l’UES

L’Unité des enquêtes spéciales (« l’UES » ou « l’Unité ») est un organisme civil d’exécution de la loi qui enquête sur les incidents mettant en cause un agent et impliquant un décès, une blessure grave, la décharge d’une arme à feu contre une personne ou une allégation d’agression sexuelle. Selon la définition de la Loi de 2019 sur l’Unité des enquêtes spéciales (Loi sur l’UES), « agents » s’entend des agents de police, des agents spéciaux employés par la Commission des parcs du Niagara et des agents de la paix en vertu de la Loi sur l’Assemblée législative. La compétence de l’UES s’étend à plus de 50 corps de police municipaux, régionaux et provinciaux en Ontario.

En vertu de la Loi sur l’UES, le directeur de l’UES doit établir, d’après les preuves recueillies dans le cadre d’une enquête, s’il existe des motifs raisonnables de croire qu’un agent a commis une infraction criminelle. Si de tels motifs existent, le directeur a le pouvoir de faire porter une accusation criminelle contre cet agent. Par contre, en l’absence de tels motifs, le directeur ne peut pas porter d’accusation. Dans ce cas, un rapport d’enquête est rédigé et rendu public, sauf s’il portait sur des allégations d’agression sexuelle, auquel cas le directeur de l’UES peut consulter la personne concernée et exercer son pouvoir discrétionnaire de ne pas publier le rapport pour protéger la vie privée de la personne concernée.

Restrictions concernant la divulgation de renseignements

Loi de 2019 sur l’Unité des enquêtes spéciales

En vertu de l’article 34, certains renseignements peuvent être omis de ce rapport, notamment :
  • le nom d’un agent impliqué, d’un agent témoin, d’un témoin civil ou d’une personne concernée, ainsi que tout renseignement permettant d’identifier ces personnes; 
  • des renseignements qui pourraient amener à ce que l’identité d’une personne ayant signalé avoir été agressée sexuellement soit révélée dans le contexte de l’agression sexuelle; 
  • des renseignements qui, de l’avis du directeur de l’UES, peuvent présenter un risque de préjudice grave pour une personne; 
  • des renseignements qui divulguent des techniques ou méthodes d’enquête; 
  • des renseignements dont la diffusion est interdite ou restreinte par la loi; 
  • des renseignements pour lesquels la protection de la vie privée d’une personne obtenue grâce à leur non-publication l’emporte clairement sur l’intérêt public de les publier.

Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée

En vertu de l’article 14 (article relatif à l’exécution de la loi), certains renseignements peuvent être omis de ce rapport, notamment : 
  • des renseignements qui révèlent des techniques ou méthodes d’enquête confidentielles utilisées par des organismes chargés de l’exécution de la loi; 
  • des renseignements dont on pourrait raisonnablement s’attendre à ce que leur divulgation ait pour effet de faire obstacle à une question qui concerne l’exécution de la loi ou à une enquête menée préalablement à une instance judiciaire. 
En vertu de l’article 21 (article relatif à la vie privée), le présent rapport ne contient aucun renseignement personnel protégé, notamment : 
  • les noms de personnes, y compris des témoins civils et des agents impliqués et témoins; 
  • des renseignements sur le lieu de l’incident; 
  • les déclarations des témoins et les éléments de preuve qui ont été fournis à l’UES à titre confidentiel dans le cadre de l’enquête; 
  • d’autres identifiants susceptibles de révéler des renseignements personnels sur les personnes concernées par l’enquête. 

Loi de 2004 sur la protection des renseignements personnels sur la santé

En vertu de cette loi, le présent document ne contient aucun renseignement personnel sur la santé de personnes identifiables.

Autres instances, processus et enquêtes

Il se peut que certains renseignements aient été omis du présent rapport parce que leur divulgation pourrait compromettre l’intégrité d’autres instances liées au même incident, par exemple des instances pénales, des enquêtes du coroner, d’autres instances publiques ou d’autres enquêtes menées par des organismes d’exécution de la loi.

Exercice du mandat

En vertu de l’article 15 de la Loi sur l’UES, l’UES peut enquêter sur la conduite d’agents (agents de police, agents spéciaux de la Commission des parcs du Niagara ou agents de la paix en vertu de Loi sur l’Assemblée législative) qui pourrait avoir entraîné un décès, des blessures graves, une agression sexuelle ou la décharge d’une arme à feu contre une personne.

Une personne subit une « blessure grave » qui relève de la compétence de l’UES si, selon le cas : elle subit une blessure pour laquelle elle est admise à l’hôpital, elle souffre d’une fracture du crâne, d’un membre, d’une côte ou d’une vertèbre, elle souffre de brûlures sur une grande partie du corps, ou elle subit une perte de la vision ou de l’ouïe par suite d’une blessure.

De plus, une « blessure grave » désigne toute autre blessure subie par une personne susceptible d’avoir des répercussions sur la santé ou le confort de cette personne et qui n’est pas de nature passagère ou bénigne.

Ce rapport porte sur l’enquête menée par l’UES sur les blessures graves subies par un homme de 30 ans (le « plaignant »).

L’enquête

Notification de l’UES [1]

Le 19 juillet 2023, à 11 h 31, la Police provinciale de l’Ontario a contacté l’UES et donné les renseignements suivants.

Dans la matinée du 19 juillet 2023, diverses unités de la Police provinciale, notamment des unités tactiques, d’intervention en cas d’incident et de surveillance, exécutaient de nombreux mandats en vertu de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances (LRDS) dans les environs d’Innisfil. À un moment donné, juste avant 11 h 15, les agents ont observé une transaction secrète de drogue impliquant le plaignant. Une fois la transaction terminée, le plaignant est monté dans son véhicule et s’est éloigné malgré les tentatives initiales des agents de l’arrêter. Le plaignant a fui les lieux et, à une certaine distance de là, est entré et sorti d’un fossé et s’est écrasé contre un poteau électrique. Le plaignant est alors sorti du véhicule à pied et a été heurté par un véhicule de surveillance banalisé de la Police provinciale aux environs d’Innisfil Heights Crescent et de Commerce Park Drive, à Innisfil. Le plaignant a été transporté à l’Hôpital Royal Victoria de Barrie, pour de multiples fractures; sa vie est apparemment en danger. L’incident a été filmé par un hélicoptère de la Police provinciale dans la région.

L’équipe

Date et heure de l’envoi de l’équipe : 19 juillet 2023 à 12 h 06

Date et heure d’arrivée de l’UES sur les lieux : 19 juillet 2023 à 14 h 30

Nombre d’enquêteurs de l’UES assignés : 3
Nombre d’enquêteurs spécialistes des sciences judiciaires de l’UES assignés : 2
Nombre de spécialistes de la reconstitution des collisions assignés : 1

Personne concernée (le « plaignant ») :

Homme de 30 ans, a participé à une entrevue

Le plaignant a participé à une entrevue le 18 août 2023.


Témoins civils (TC)

TC no 1 A participé à une entrevue
TC no 2 A participé à une entrevue
TC no 3 A participé à une entrevue

Les témoins civils ont participé à une entrevue entre le 19 et le 21 juillet 2023.
 

Agents impliqués (AI)

AI N’a pas consenti à se soumettre à une entrevue ni à remettre ses notes, comme la loi l’y autorisait en tant qu’agent impliqué.


Agents témoins (AT)

AT no 1 A participé à une entrevue
AT no 2 A participé à une entrevue
AT no 3 A participé à une entrevue
AT no 4 A participé à une entrevue
AT no 5 A participé à une entrevue
AT no 6 A participé à une entrevue
AT no 7 A participé à une entrevue
AT no 8 A participé à une entrevue
AT no 9 A participé à une entrevue

Les agents témoins ont participé à une entrevue les 23 et 24 juillet 2023.


Éléments de preuve

Les lieux

Les événements en question se sont produits aux environs de l’intersection de Commerce Gate et d’Innisfil Heights Crescent, à Innisfil.

Commerce Gate est une route à deux voies qui s’étend vers le sud depuis Innisfil Beach Road. Innisfil Heights Crescent rejoint Commerce Gate dans une intersection en T au milieu d’une courbe prononcée.

Il y avait sur les lieux cinq véhicules banalisés de la Police provinciale et le véhicule civil du plaignant.

Dans la voie nord de Commerce Gate, à l’intersection d’Innisfil Heights Crescent, il y avait deux grandes taches de sang entourées d’équipement médical, de fournitures de premiers soins et de vêtements. Les vêtements semblaient coupés et regroupés.

Directement au sud des débris, il y avait un Mitsubishi bleu [le véhicule du plaignant] près d’un poteau électrique et très endommagé sur le devant. Il semble qu’il se dirigeait vers l’est sur Commerce Gate lorsqu’il a quitté la route et a traversé des herbes denses et un terrain accidenté avant de percuter le poteau électrique. Le coussin gonflable du conducteur était déployé.

Figure 1 – Le Mitsubishi du plaignant, très endommagé à l’avant, dans un fossé près d’un poteau électrique.

Figure 1 – Le Mitsubishi du plaignant, très endommagé à l’avant, dans un fossé près d’un poteau électrique.


Les cinq véhicules de la Police provinciale étaient banalisés et semblaient être des véhicules de surveillance.

Une camionnette grise Ford F150 [on sait maintenant que c’était celle conduite par l’AI] était immobilisée face à la bordure est de Commerce Gate, juste au nord de l’intersection d’Innisfil Heights Crescent. Un des coins à l’avant était légèrement endommagé –principalement des éraflures.


Figure 2 – Éraflures sur le coin avant de la camionnette Ford F150 de l’AI.

Figure 2 – Éraflures sur le coin avant de la camionnette Ford F150 de l’AI.


Un VUS Kia Sorento gris [on sait maintenant qu’il était conduit par l’AT no 7] était arrêté sur l’accotement d’Innisfil Heights Crescent, devant la camionnette Ford F150. Il présentait des dommages importants sur le côté droit, apparemment causés par contact direct, ainsi que des dommages par glissement latéral.


Figure 3 – Dommages sur le côté du Kia Sorento de l’AT no 7

Figure 3 – Dommages sur le côté du Kia Sorento de l’AT no 7


Le troisième véhicule endommagé de la Police provinciale était un VUS Honda Passport noir [on sait maintenant qu’il était conduit par l’AT no 2]. Le véhicule était arrêté en travers des deux voies d’Innisfil Heights Crescent. Il avait des éraflures mineures sur le coin arrière droit, dont la plupart semblaient superficielles et s’effaçaient au toucher.


Figure 4 – Éraflures à l’arrière du Honda Passport de l’AT no 2

Figure 4 – Éraflures à l’arrière du Honda Passport de l’AT no 2

Témoignage d’expert


Rapport de reconstitution de la collision

Vitesse du Ford F150

Une analyse a été effectuée pour déterminer la vitesse d’approche et d’impact de la camionnette Ford F150 de la police. Une simulation a permis de confirmer les vitesses de ce véhicule. Le spécialiste de la reconstitution a déterminé que la camionnette Ford roulait à environ 30 km/h à l’approche du point d’impact avec le plaignant. Il a également été noté que le conducteur de la camionnette avait braqué vers la droite juste avant l’impact avec le plaignant.
 

Analyse de visibilité

Le spécialiste de la reconstitution des collisions a analysé la visibilité du plaignant et du conducteur de la camionnette Ford F150 au moment où ils approchaient du point d’impact afin de déterminer pendant combien de temps le conducteur de la camionnette avait pu voir le piéton courir. Pour cette analyse, le spécialiste a présumé que la camionnette roulait à une vitesse constante de 30 km/h et que le plaignant courait à 12 km/h.

Environ deux secondes avant l’impact, le piéton est passé derrière le Kia Sorento de la police et donc non visible par le conducteur du Ford F150. Avant cela, le plaignant était sur l’herbe et la camionnette Ford était trop loin derrière le Kia pour qu’il y ait une ligne de vision dégagée entre les deux.

Environ une seconde avant l’impact, le plaignant est réapparu derrière le Kia et a commencé à redevenir visible pour l’AI. Le volant de la Ford a commencé à tourner vers la droite environ 0,5 seconde avant l’impact. On ne sait pas si le conducteur a changé de direction parce qu’il a vu le plaignant sortir de derrière le Kia ou avant qu’il puisse voir vers où le plaignant allait courir.


Figure 5 - Sélection d’images montrant la position du Ford F150 et du plaignant dans les deux secondes précédant l’impact

Figure 5 - Sélection d’images montrant la position du Ford F150 et du plaignant dans les deux secondes précédant l’impact


En résumé, le Mitsubishi a quitté la chaussée sur la droite et s’est engagé dans un fossé herbeux pour éviter de nombreux véhicules de police. L’avant du Mitsubishi a fini par percuter un poteau électrique en bois et le véhicule s’est immobilisé. Le conducteur du Mitsubishi est alors sorti du véhicule et a couru vers le nord à environ 12 km/h. Il est passé en courant entre deux véhicules de police immobiles ou presque dans la voie en direction est. Alors que le plaignant émergeait de derrière le Kia de la police en courant, une camionnette Ford F150 de la police qui roulait vers l’est à environ 30 km/h a heurté le plaignant. La camionnette s’est immobilisée contre la bordure est de la chaussée; le piéton est tombé au point d’impact.

Éléments de preuve sous forme de vidéos, d’enregistrements audio ou de photographies [2]


Enregistrements des communications

Le 19 juillet 2023, à 10 h 39, sur le réseau radio de la police, un homme demande une ambulance, dès que possible, à Commerce Park Drive et Innisfil Beach Road, pour un suspect qui est à terre.

Vers 10 h 40, une entrée sur la RAO [répartition assistée par ordinateur] mentionne la que les services médicaux d’urgence sont en route. Sur le réseau radio de la police, on demande qu’une unité se rende à l’hôpital.

Entre 10 h 40 et 12 h 36, dans une conversation téléphonique, l’AT no 5 explique ce qui s’est passé à un sergent du Centre de communications de London. L’AT no 5 dit que des membres de l’Unité tactique et de secours (UTS) et de l’Unité des services de filature (USF) cherchaient à arrêter le plaignant dans le cadre d’une opération de plus grande envergure, et que le plaignant a été impliqué dans une collision automobile. Il précise que le plaignant s’est enfui à pied et a été heurté par un véhicule de police; il est grièvement blessé. L’AT no 5 dit au sergent que l’on conduit un agent – l’AI – à l’hôpital pour des douleurs à la poitrine.
 

Vidéo de l’hélicoptère de la Police provinciale

La vidéo de l’hélicoptère commence vers 10 h et montre une tentative des membres de l’UTS et de l’USF de bloquer un VUS Mitsubishi conduit par le plaignant, à l’intersection de Mapleview Drive et de Bayview Drive. Leurs efforts n’ont pas abouti, car le plaignant a fui les lieux à bord de sa Mitsubishi.

Une deuxième tentative échoue près de la résidence du plaignant.

On peut voir ensuite le plaignant conduire, sans présence des véhicules de surveillance de la police, jusqu’à ce qu’il emprunte la route sans issue de Commerce Park Drive, à Innisfil, environ 30 minutes plus tard. Le plaignant continue sur Commerce Park Drive avant d’être contraint de faire demi-tour au bout de la voie sans issue.

Vers 10 h 36 min 47 s, le Mitsubishi conduit par le plaignant roule vers l’est sur Commerce Park Drive/Commerce Gate derrière l’un des véhicules de police banalisés. Le Mitsubishi continue derrière le véhicule de police et quand ce dernier ralentit, le plaignant dévie à droite dans le fossé herbeux au sud de la route.

Vers 10 h 37 min 3 s, le Mitsubishi vire à gauche pour sortir du fossé et retourner sur la chaussée. Le Mitsubishi se trouve alors devant le véhicule de police qu’il suivait auparavant. Le Mitsubishi entre en collision avec un autre véhicule de police banalisé dans la voie est. Le coin avant gauche du Mitsubishi frappe le côté droit du véhicule de police banalisé, un Kia Sorento.

Après la collision, le Mitsubishi continue vers l’est et franchit en accélérant l’intersection de Forest Valley Drive. La Mitsubishi roule en direction de la courbe vers la gauche de la route. Un véhicule de police banalisé, une camionnette Ford F150 grise, roule vers l’ouest et commence à traverser les voies est pour couper la route au Mitsubishi. Le Mitsubishi vire vers la droite pour entrer de nouveau dans le fossé herbeux au sud afin d’éviter la Ford F150. Aucun contact n’a lieu entre les véhicules, et le Mitsubishi entre dans le fossé herbeux. Le Mitsubishi continue dans le terrain herbeux et percute un poteau électrique en bois.

Vers 10 h 37 min 21 s, le plaignant sort du Mitsubishi par la portière du conducteur et court vers le nord dans l’herbe. Il atteint la bordure sud de la chaussée et continue vers le nord. Le plaignant passe ensuite en courant entre deux véhicules de police arrêtés dans la courbe de la route. La camionnette Ford F150 continue vers l’est et approche du plaignant qui court.

À 10 h 37 min 26 s, le plaignant et le côté droit du Ford F150 entrent en collision.
 

Séquences vidéo – Station-service Shell

La vidéo dure 58 minutes et 46 secondes et n’a ni date ni heure. La caméra était orientée vers le sud-est et montrait l’intersection à trois voies de Innisfil Heights Crescent et Commerce Gate. La vue sur le centre de l’intersection était obstruée par une borne de recharge pour véhicules électriques.

Vers 16 minutes et 36 secondes du début de la vidéo, un VUS noir roule vers l’est et percute un poteau téléphonique. On peut voir le VUS dans l’herbe du côté sud de la route, l’avant contre un poteau électrique. Un gros VUS de couleur sombre roule vers l’est sur Commerce Gate, passe à la hauteur du VUS noir et s’arrête sur Innisfil Heights Crescent. Un individu [le plaignant) sort par la porte du conducteur du VUS noir et court vers le nord en direction de la route. Le plaignant passe en courant entre deux VUS de couleur sombre. Au moment où le plaignant contourne l’avant de l’un des VUS, une camionnette grise à quatre portes roule vers l’est sur Commerce Gate. Après être passé entre les VUS, le plaignant s’arrête brièvement au milieu de la chaussée et se retrouve devant la camionnette grise qui roule vers lui. Le plaignant disparait du champ de vision de la caméra du côté passager de la camionnette en continuant vers l’est. Il n’est plus visible quand la camionnette passe à sa hauteur et obstrue le champ de vision de la caméra. La camionnette grise s’immobilise légèrement à l’est du deuxième VUS de couleur sombre, mais seule une petite partie de son toit est visible.

À environ 16 minutes et 55 secondes du début de vidéo, deux autres véhicules roulent vers l’est sur Commerce Gate et s’arrêtent au milieu de la chaussée, à l’est de l’intersection. Des personnes sortent des véhicules et courent vers la partie obstruée de la route.

À environ 24 minutes et cinq secondes du début de la vidéo, une ambulance arrive.

L’ambulance repart à environ 37 minutes et dix secondes du début de la vidéo.

Éléments obtenus auprès du service de police

L’UES a obtenu les éléments suivants que lui a remis la Police provinciale le 21 juillet 2023 :
  • Vidéo aérienne prise par l’hélicoptère de la Police provinciale;
  • Enregistrements des communications de la Police provinciale;
  • Enregistrement de RAO;
  • Notes de l’AT no 5;
  • Notes de l’AT no 2;
  • Notes de l’AT no 7;
  • Notes de l’AT no 4;
  • Notes de l’AT no 1;
  • Notes de l’AT no 6;
  • Notes de l’AT no 3;
  • Notes de l’AT no 9;
  • Schéma des lieux par l’AT no 8;
  • Schéma des lieux par l’AT no 7;
  • Schéma des lieux par l’AT no 4;
  • Schéma des lieux par l’AT no 3;
  • Schéma des lieux par l’AT no 9;
  • Schéma des lieux par l’AT no 5;
  • Schéma des lieux par l’AT no 6.

Éléments obtenus auprès d’autres sources

L’UES a obtenu les éléments suivants auprès d’autres sources le 21 juillet 2023 :
  • Séquence vidéo de Shell Canada.

Description de l’incident

La séquence d’événements suivante découle des éléments de preuve recueillis par l’UES, notamment des entrevues avec le plaignant et avec des témoins de la police et civils, ainsi que de vidéos montrant certaines parties de l’incident. L’AI n’a pas consenti à participer à une entrevue avec l’UES ni autorisé la communication de ses notes, comme il en avait le droit.

Dans la matinée du 19 juillet 2023, des agents de l’Unité tactique et de secours et de l’Unité des services de filature de la Police provinciale de l’Ontario participaient à une opération visant à arrêter le plaignant pour trafic de drogue. Ils ont surveillé sa résidence, l’ont vu monter dans un Mitsubishi Outlander et l’ont suivi à bord de véhicules banalisés. Sur Mapleview Drive, à l’est de Bayview Drive, le signal a été donné d’encercler le Mitsubishi et de mettre le plaignant sous garde.

Réalisant ce qui se passait, le plaignant a réussi à manœuvrer le Mitsubishi pour contourner les véhicules de police qui l’encerclaient. Il s’est enfui à vive allure vers le nord sur Bayview Drive et finalement vers l’est sur Mapleview Drive en direction de sa résidence.

Après que le Mitsubishi a franchi le cercle formé par leurs véhicules, les agents ont reçu l’ordre de ne pas lancer une poursuite. Un hélicoptère de la police survolait les lieux et suivait le déplacement du Mitsubishi. Lorsqu’il a semblé que le plaignant retournait chez lui, les agents se sont rendus à l’adresse pour l’intercepter.

Encore une fois, le plaignant a pris conscience de la présence de la police. Il a fait demi-tour sur Mapleview Drive, s’est dirigé vers l’ouest jusqu’à la rue Yonge, puis vers le sud jusqu’à Innisfil Beach Road. Toujours sous la surveillance de l’hélicoptère, le plaignant a continué vers l’ouest sur Innisfil Beach Road puis a tourné à gauche sur Commerce Gate, qui devient rapidement Commerce Park Drive. Arrivé à l’extrémité sud de Commerce Park Drive – une impasse – le plaignant a fait demi-tour et s’est dirigé vers le nord. Alors qu’il continuait en direction est vers Commerce Gate, des véhicules de police banalisés ont de nouveau tenté de l’intercepter.

L’AT no 7 était au volant de l’un des véhicules banalisés sur Commerce Gate. Il a positionné son véhicule devant le Mitsubishi qui roulait vers l’est et a vu le plaignant le dépasser sur la droite, heurtant son véhicule au passage. L’AT no 3, qui roulait vers l’ouest sur Commerce Gate, a placé sa camionnette en travers de la voie est, devant le Mitsubishi. Le plaignant a viré dans le fossé pour éviter le véhicule de l’AT no 3 et a continué sur une courte distance avant de percuter un poteau électrique en bois.

Après la collision, le plaignant est sorti du Mitsubishi et a couru vers le nord en direction de Commerce Gate. Il a continué sur la chaussée, est passé entre deux véhicules de police qui faisaient face à l’est et a alors été heurté par une camionnette qui roulait vers l’est.

L’AI était au volant de cette camionnette. Le côté avant droit de sa camionnette a heurté le plaignant, qui s’est effondré sur la chaussée.

Les agents ont appelé les ambulanciers paramédicaux, qui sont arrivés rapidement sur les lieux et ont prodigué des soins au plaignant.

Le plaignant a subi des blessures graves, notamment, apparemment, une lésion cérébrale et une surdité à l’oreille gauche.

Dispositions législatives pertinentes

Article 320.13, Code criminel – Conduite dangereuse causant des lésions corporelles

320.13 (1) Commet une infraction quiconque conduit un moyen de transport  d’une façon dangereuse pour le public, eu égard aux circonstances.

(2) Commet une infraction quiconque conduit un moyen de transport d’une façon dangereuse pour le public, eu égard aux circonstances, et cause ainsi des lésions corporelles à une autre personne.

Analyse et décision du directeur

Le plaignant a été grièvement blessé dans une collision avec un véhicule automobile à Innisfil le 19 juillet 2023. Comme ce véhicule était une camionnette conduite par un agent de police, l’UES a été informée de l’incident et a ouvert une enquête. L’agent au volant de la camionnette a été désigné en tant qu’agent impliqué (AI). L’enquête est maintenant terminée. Après avoir évalué les éléments de preuve, j’estime qu’il n’y a aucun motif raisonnable de croire que l’AI a commis une infraction criminelle en lien avec les blessures du plaignant.

L’infraction à prendre en considération est la conduite dangereuse causant des lésions corporelles, en contravention du paragraphe 320.13 (2) du Code criminel. S’agissant d’une infraction de négligence criminelle, un simple manque de prudence ne suffira pas à engager la responsabilité. En effet, cette infraction repose, en partie, sur une conduite qui constitue un écart marqué par rapport à la norme de prudence dont une personne raisonnable aurait fait preuve dans les circonstances. En l’espèce, il faut déterminer si l’AI, dans la manière dont il a conduit son véhicule de police, a causé la collision ou y a contribué, et a fait preuve d’un manque de prudence suffisamment flagrant pour justifier une sanction pénale. À mon avis, ce n’est pas le cas.

L’AI et les autres agents de l’Unité tactique et de secours et de l’Unité des services de filature présents lors des événements en question étaient légalement placés et exerçaient leurs fonctions en cherchant à appréhender le plaignant. Le plaignant faisait l’objet d’un mandat d’arrêt en vigueur pour des infractions liées au trafic de drogue. Son arrestation était donc clairement justifiée.

Je suis aussi convaincu que les éléments de preuve ne permettent pas de conclure raisonnablement que l’AI a transgressé les limites de prudence prescrites par le droit criminel tout au long de son engagement avec le plaignant. En ce qui concerne le contexte plus large de la collision, il est clair que la police tentait de nouveau d’intercepter le Mitsubishi. Cette décision ne semble pas avoir été sans fondement. Le plaignant s’était lancé dans une conduite imprudente qui mettait en danger d’autres usagers de la route dans le secteur, et c’était là une occasion de tenter de mettre fin à sa fuite sur une route moins fréquentée. La tactique semble également avoir été exécutée avec prudence. Aucun des véhicules de police n’a délibérément heurté le Mitsubishi; ils se sont plutôt positionnés autour du véhicule du plaignant de manière à le forcer à s’arrêter de manière contrôlée. Enfin, l’impact entre le plaignant et la camionnette de l’AI peut très bien être caractérisé davantage comme le résultat de sa tentative frénétique de s’enfuir, même après avoir écrasé son véhicule contre un poteau électrique, plutôt que comme une conduite dangereuse ou une vitesse excessive de la part de l’agent. En fait, d’après le poids des éléments de preuve recueillis par l’UES, l’AI n’aurait pu voir le plaignant que brièvement avant le point d’impact; autrement dit, il n’est pas du tout évident qu’il aurait pu éviter la collision.




En conséquence, comme il n’y a aucun motif raisonnable de croire que l’AI n’a pas conduit avec la prudence et l’attention requise pour la sécurité publique, y compris la sécurité du plaignant, il n’y a aucune raison de porter des accusations criminelles dans cette affaire. Le dossier est clos.


Date : 16 novembre 2023


Approuvé par voie électronique par

Joseph Martino
Directeur
Unité des enquêtes spéciales

Notes

  • 1) Les renseignements contenus dans cette section reflètent les informations reçues par l’UES au moment de la notification et ne reflètent pas nécessairement les conclusions de fait de l’UES à la suite de son enquête. [Retour au texte]
  • 2) Les éléments de preuve suivants contiennent des renseignements personnels délicats qui ne sont pas divulgués conformément au paragraphe 34 (2) de la Loi de 2019 sur l’Unité des enquêtes spéciales. Les parties pertinentes des enregistrements sont résumées ci-après. [Retour au texte]

Note:

La version originale anglaise signée du rapport fait autorité. En cas de divergence entre cette version et les versions anglaise ou française en ligne, la version originale anglaise signée du rapport l’emporte.