Rapport du directeur de l’Unité des enquêtes spéciales - Dossier nº 22-TCI-041

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Mandat de l’UES

L’Unité des enquêtes spéciales (« l’UES » ou « l’Unité ») est un organisme civil d’exécution de la loi qui enquête sur les incidents mettant en cause un agent et impliquant un décès, une blessure grave, la décharge d’une arme à feu contre une personne ou une allégation d’agression sexuelle. Selon la définition de la Loi de 2019 sur l’Unité des enquêtes spéciales (Loi sur l’UES), « agents » s’entend des agents de police, des agents spéciaux employés par la Commission des parcs du Niagara et des agents de la paix en vertu de la Loi sur l’Assemblée législative. La compétence de l’UES s’étend à plus de 50 corps de police municipaux, régionaux et provinciaux en Ontario.

En vertu de la Loi sur l’UES, le directeur de l’UES doit établir, d’après les preuves recueillies dans le cadre d’une enquête, s’il existe des motifs raisonnables de croire qu’un agent a commis une infraction criminelle. Si de tels motifs existent, le directeur a le pouvoir de faire porter une accusation criminelle contre cet agent. Par contre, en l’absence de tels motifs, le directeur ne peut pas porter d’accusation. Dans ce cas, un rapport d’enquête est rédigé et rendu public, sauf s’il portait sur des allégations d’agression sexuelle, auquel cas le directeur de l’UES peut consulter la personne concernée et exercer son pouvoir discrétionnaire de ne pas publier le rapport pour protéger la vie privée de la personne concernée.

Restrictions concernant la divulgation de renseignements

Loi de 2019 sur l’Unité des enquêtes spéciales

En vertu de l’article 34, certains renseignements peuvent être omis de ce rapport, notamment :
  • le nom d’un agent impliqué, d’un agent témoin, d’un témoin civil ou d’une personne concernée, ainsi que tout renseignement permettant d’identifier ces personnes; 
  • des renseignements qui pourraient amener à ce que l’identité d’une personne ayant signalé avoir été agressée sexuellement soit révélée dans le contexte de l’agression sexuelle; 
  • des renseignements qui, de l’avis du directeur de l’UES, peuvent présenter un risque de préjudice grave pour une personne; 
  • des renseignements qui divulguent des techniques ou méthodes d’enquête; 
  • des renseignements dont la diffusion est interdite ou restreinte par la loi; 
  • des renseignements pour lesquels la protection de la vie privée d’une personne obtenue grâce à leur non-publication l’emporte clairement sur l’intérêt public de les publier.

Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée

En vertu de l’article 14 (article relatif à l’exécution de la loi), certains renseignements peuvent être omis de ce rapport, notamment : 
  • des renseignements qui révèlent des techniques ou méthodes d’enquête confidentielles utilisées par des organismes chargés de l’exécution de la loi; 
  • des renseignements dont on pourrait raisonnablement s’attendre à ce que leur divulgation ait pour effet de faire obstacle à une question qui concerne l’exécution de la loi ou à une enquête menée préalablement à une instance judiciaire. 
En vertu de l’article 21 (article relatif à la vie privée), le présent rapport ne contient aucun renseignement personnel protégé, notamment : 
  • les noms de personnes, y compris des témoins civils et des agents impliqués et témoins; 
  • des renseignements sur le lieu de l’incident; 
  • les déclarations des témoins et les éléments de preuve qui ont été fournis à l’UES à titre confidentiel dans le cadre de l’enquête; 
  • d’autres identifiants susceptibles de révéler des renseignements personnels sur les personnes concernées par l’enquête. 

Loi de 2004 sur la protection des renseignements personnels sur la santé

En vertu de cette loi, le présent document ne contient aucun renseignement personnel sur la santé de personnes identifiables.

Autres instances, processus et enquêtes

Il se peut que certains renseignements aient été omis du présent rapport parce que leur divulgation pourrait compromettre l’intégrité d’autres instances liées au même incident, par exemple des instances pénales, des enquêtes du coroner, d’autres instances publiques ou d’autres enquêtes menées par des organismes d’exécution de la loi.

Exercice du mandat

En vertu de l’article 15 de la Loi sur l’UES, l’UES peut enquêter sur la conduite d’agents (agents de police, agents spéciaux de la Commission des parcs du Niagara ou agents de la paix en vertu de Loi sur l’Assemblée législative) qui pourrait avoir entraîné un décès, des blessures graves, une agression sexuelle ou la décharge d’une arme à feu contre une personne.

Une personne subit une « blessure grave » qui relève de la compétence de l’UES si, selon le cas : elle subit une blessure pour laquelle elle est admise à l’hôpital, elle souffre d’une fracture du crâne, d’un membre, d’une côte ou d’une vertèbre, elle souffre de brûlures sur une grande partie du corps, ou elle subit une perte de la vision ou de l’ouïe par suite d’une blessure.

De plus, une « blessure grave » désigne toute autre blessure subie par une personne susceptible d’avoir des répercussions sur la santé ou le confort de cette personne et qui n’est pas de nature passagère ou bénigne.

Le présent rapport porte sur l’enquête menée par l’UES au sujet des blessures graves subies par un homme de 50 ans (le « plaignant »).

L’enquête

Notification de l’UES

Le 12 février 2022, à 10 h, le Service de police de Toronto (SPT) a avisé l’UES de la blessure subie par le plaignant.

Le SPT a indiqué que, le 12 février 2022, à 1 h 37, des agents du SPT ont répondu à un appel pour une agression survenue dans une résidence située dans le secteur de la rue Yonge et de l’avenue Sheppard. L’appelant avait signalé que deux hommes se battaient. Lorsque les agents de police sont arrivés sur les lieux, l’un des hommes, le plaignant, était déjà parti. Les agents l’ont retrouvé près de la rue Yonge et de l’avenue Sheppard. Après l’avoir poursuivi à pied et utilisé une arme à impulsions pour le maîtriser, les agents ont arrêté le plaignant. Il a été transporté à l’Hôpital général de North York (HGNY) où on lui a diagnostiqué des côtes fracturées.

L’équipe

Date et heure de l’envoi de l’équipe : 12 février 2022 à 10 h 15

Date et heure d’arrivée de l’UES sur les lieux : 12 février 2022 à 10 h 35

Nombre d’enquêteurs de l’UES assignés : 4
Nombre d’enquêteurs spécialistes des
sciences judiciaires de l’UES assignés : 1

Personne concernée (« plaignant ») :

Homme de 50 ans, a participé à une entrevue et ses dossiers médicaux ont été obtenus et examinés

Le témoin civil a participé à une entrevue le 3 mars 2022.

Agents impliqués (AI)

AI no 1 N’a pas consenti à se soumettre à une entrevue ni à remettre ses notes, comme la loi l’y autorise en tant qu’agent impliqué
AI no 2 N’a pas consenti à se soumettre à une entrevue ni à remettre ses notes, comme la loi l’y autorise en tant qu’agent impliqué
AI no 3 N’a pas consenti à se soumettre à une entrevue ni à remettre ses notes, comme la loi l’y autorise en tant qu’agent impliqué

Agents témoins (AT)

AT no 1 A participé à une entrevue
AT no 2 A participé à une entrevue
AT no 3 A participé à une entrevue
AT no 4 N’a pas participé à une entrevue, mais ses notes ont été reçues et examinées
AT no 5 N’a pas participé à une entrevue, mais ses notes ont été reçues et examinées
AT no 6 N’a pas participé à une entrevue, mais ses notes ont été reçues et examinées

Les agents témoins ont participé à des entrevues le 25 février 2022.

Éléments de preuve

Les lieux

L’interaction entre les agents du SPT et le plaignant a commencé sur la rue Yonge, au nord de l’avenue Sheppard Ouest, et s’est terminée sur l’avenue Harlandale, à l’ouest de la rue Yonge, après la poursuite à pied.

Un agent de la police technique du SPT a pris des photos des lieux. Des copies de ces photos ont été fournies à l’UES.

Éléments de preuves médicolégaux

Données provenant de l’arme à impulsions — AI no 2

No de séq.

Heure

Événement

Information au sujet de

 la cartouche

Durée

 

13183

3 h 12 min

Armée

C1 : 25' standard

C2 : 25' standard

 

13184

3 h 12 min 10 s

Détente

C1 : Déployée

 

3 secondes

13185

3 h 12 min 13 s

Sûreté

C1 : Déployée

C2 : 25' standard

13 secondes

13186

3 h 12 min 15 s

Armée

C1 : Déployée

C2 : 25' standard

 

13187

3 h 12 min 17 s

Détente

C2 : Déployée

5 secondes

 

13188

3 h 12 min 55 s

SPPM EOT

SPPM End of Transmission[1]

 

 

13189

3 h 13 min 59 s

Sûreté

C1 : Déployée

C2 : Déployée

104 secondes




Photo no 1 — Arme à impulsions de l’AI no 2

Éléments de preuve sous forme de vidéos, d’enregistrements audio ou de photographies [2]

Appel au 911 et communications radio du SPT

Le 12 février 2022, à 1 h 36 min 56 s, le SPT a reçu un appel d’un citoyen indiquant qu’une personne s’était présentée à sa porte en courant et lui avait demandé d’appeler le 911. L’appelant a indiqué qu’il se trouvait à un domicile [près de la rue Yonge et de l’avenue Sheppard], à North York, et qu’on lui avait demandé d’appeler le 911, car une agression était en cours dans un domicile voisin. L’appelant a indiqué que la police s’était déjà présentée à cette adresse il y a deux ou trois jours.
À 1 h 38 min 39 s, l’AI no 2 et l’AI no 1 ont été dépêchés à cette adresse pour voies de fait. Ils sont arrivés à 1 h 44 min 49 s.

À 2 h 3 min 5 s, l’AI no 1 a demandé qu’on envoie une ambulance pour un homme qui avait été agressé et avait reçu un coup de poing à la tête et possiblement un coup de pied aussi. L’AI no 1 a demandé qu’une autre unité de police soit envoyée. L’AT no 1 et l’AI no 3 ont répondu qu’ils pouvaient s’y rendre. L’AI no 1 a indiqué que le service d’incendie était déjà sur les lieux et que le suspect [on sait maintenant qu’il s’agissait du plaignant] n’était plus là. Il a indiqué que la victime allait être transportée à l’HGNY.

À 3 h 9 min 42 s, l’AI no 2 a indiqué par radio que lui et l’AI no 1 poursuivaient une personne à pied dans le secteur de la rue Yonge et de l’avenue Sheppard. Il a ajouté qu’ils étaient rendus au Pizza Pizza situé au coin de Yonge et de Sheppard.

À 3 h 11 min 39 s, un agent de police a annoncé à la radio qu’ils avaient arrêté le plaignant. L’AT no 6 a indiqué qu’il n’était pas loin et l’AT no 1 a indiqué qu’une arme à impulsions avait été déployée. L’AI no 3 a demandé qu’on envoie une ambulance pour retirer les sondes de l’arme à impulsions. Le répartiteur a appelé pour demander une ambulance.

À 3 h 19 min 24 s, l’AT no 2 a demandé : [Traduction [3]] « Pouvez-vous envoyer un fourgon. L’homme continue de résister… nous sommes à l’angle de Yonge et de Harlandale, juste au nord de Sheppard. » L’AT no 6 a demandé que le fourgon soit envoyé dès que possible, car le plaignant était agressif. L’AT no 2 a ensuite appelé le répartiteur, a annulé la demande pour le fourgon et a indiqué qu’ils avaient mis des attaches autour des jambes du plaignant et qu’il était menotté. L’AI no 2 a informé le répartiteur que le plaignant était dans une ambulance et allait être transporté à l’HGNY.

Vidéo du système de caméra intégré au véhicule (SCIV) de l’AI no 2 et de l’AI no 1

Le 12 février 2022, à 3 h 14 min 6 s, le véhicule de police était garé sur le côté ouest de la rue Yonge, face au nord, dans les voies de circulation en direction du sud, juste au sud de l’avenue Harlandale. L’AT no 2 s’est approché du véhicule, à pied, depuis l’avenue Harlandale. Il est monté dans le véhicule de police, a amené le véhicule sur l’avenue Harlandale, et l’a garé en travers de la route, face au sud-ouest.

L’AI no 1 et l’AI 2 ont escorté le plaignant à pied jusqu’au côté passager avant du véhicule de police. L’AI no 2 était à sa droite et l’AI no 1 était à sa gauche. Ses mains étaient menottées derrière son dos. Le plaignant a fait un mouvement brusque en direction sud et l’AI no 1 et l’AI no 2 l’ont plaqué sur le capot du véhicule, sur le côté passager. Il est tombé au sol et a continué de tirer en direction du sud. L’AI no 1 est tombé au sol tout en tenant le côté gauche du plaignant. L’AI no 2 a atterri sur le plaignant, sur son côté droit. Cinq autres agents sont arrivés de l’est et ont aidé à tenir le plaignant au sol. L’AT no 1 a placé des attaches autour des jambes du plaignant pendant que l’AI no 1, l’AT no 2, l’AI no 2 et l’AT no 3 le maintenaient au sol. L’AI no 1, l’AI no 2 et l’AT no 2 ont remis le plaignant sur ses pieds et l’ont amené jusqu’au côté passager du véhicule de police.

À 3 h 22 min 42 s, le plaignant était allongé sur la banquette arrière, sur son côté gauche, faisant face à l’avant du véhicule de police, et se parlait à lui-même. La porte du côté passager était fermée. La porte du côté conducteur était ouverte et un agent de police se tenait devant la porte ouverte. L’AT no 3 a ouvert la porte du côté passager et a parlé au plaignant. L’AT no 3 a demandé au plaignant s’il allait bien, et il a répondu que oui. L’AT no 3 l’a informé qu’une ambulance était en chemin et que les ambulanciers paramédicaux allaient l’examiner, car il avait reçu une décharge d’une arme à impulsions et il avait des blessures au visage. Le plaignant a remercié l’AT no 3 et s’est excusé pour tous les ennuis qu’il avait causés.

À 3 h 26 min 27 s, l’AT no 3 et un autre agent de police ont aidé le plaignant à s’asseoir. Un agent l’a informé qu’il était filmé. L’AT no 3 lui a demandé s’il avait des armes sur lui et il a répondu que non. Le plaignant a déclaré qu’il n’avait aucune idée de ce qui se passait. L’AT no 3 lui a de nouveau expliqué qu’une arme à impulsions avait été déployée et l’avait atteint. L’AT no 3 a demandé au plaignant s’il avait consommé de la drogue ou de l’alcool. Le plaignant a secoué la tête et a répondu que non.

À 3 h 34 min 21 s, les ambulanciers paramédicaux sont arrivés et se sont mis à parler au plaignant, qui était toujours sur la banquette arrière. Les ambulanciers paramédicaux lui ont demandé ce qui s’était passé. Il leur a répondu qu’il n’en était pas vraiment certain. Le plaignant leur a dit qu’il avait des côtes cassées sur le côté gauche. Il a indiqué qu’il souffrait de la maladie de Crohn et de douleurs chroniques en raison de problèmes médicaux antérieurs. Il a indiqué qu’il n’avait aucune douleur dans les jambes et qu’il pouvait marcher jusqu’à l’ambulance. L’AT no 3 lui a dit de ne pas refaire ce qu’il avait fait plus tôt, sinon il allait de nouveau se retrouver au sol. Le plaignant est sorti du véhicule de police par ses propres moyens, en faisant des grognements, et des agents l’ont aidé à se rendre jusqu’à l’ambulance.
 

Enregistrement de la caméra d’intervention de l’AI no 2

À 1 h 51 min 1 s, un homme a abordé l’AI no 2 et l’AI no 1 dans leur véhicule de police pour leur signaler qu’il avait été violemment agressé par son colocataire, le plaignant.

L’agression, pendant laquelle le plaignant était armé d’une paire de ciseaux et avait pilé sur la tête de l’homme, s’était produite dans le domicile qu’ils partageaient [à une adresse dans le secteur de la rue Yonge et de l’avenue Sheppard].

L’AI no 2, l’AI no 1, l’AI no 3 et l’AT no 1 se sont rendus à la résidence et ont tenté de trouver le plaignant afin de l’arrêter. Ils n’ont pas réussi à le trouver, mais un locataire de l’étage supérieur de la résidence a informé l’AI no 2 de la direction dans laquelle le plaignant était parti la dernière fois qu’on l’avait vu.

À 3 h 9 min 40 s, l’AI no 2 est sorti du côté passager du véhicule de police et s’est mis à courir après un homme [on sait maintenant qu’il s’agissait du plaignant]. Sa caméra d’intervention était activée, mais n’a pas enregistré l’audio. Le plaignant portait un sac d’épicerie réutilisable vert. Il s’est arrêté de courir, s’est tourné vers l’AI no 2, puis s’est remis à courir. L’AI no 2 tenait une arme à impulsions dans sa main droite. Le plaignant a tourné vers l’ouest dans l’allée du 4812, rue Yonge. L’AI no 2 a continué de le suivre à distance.
Le plaignant s’est arrêté et s’est tourné vers l’AI no 2. Il tenait le sac d’épicerie dans sa main droite. L’AI no 2 s’est arrêté à environ quatre ou cinq mètres du plaignant et a pointé l’arme à impulsions vers le plaignant. Il n’y avait toujours pas d’enregistrement audio à ce moment là. Le plaignant s’est à nouveau détourné de l’AI no 2 et s’est mis à courir vers l’ouest dans l’allée du 4812, rue Yonge, avec l’AI no 2 à ses trousses.

Le plaignant a pris la direction nord dans la ruelle située à l’extrémité ouest de l’allée qui allait du nord au sud entre l’avenue Harlandale et l’avenue Sheppard Ouest. L’AI no 2 a continué de le suivre. On peut voir sa silhouette sur le mur du bâtiment adjacent. Son arme à impulsions était toujours levée et pointée vers le plaignant.

À 3 h 10 min 6 s, l’enregistrement provenant de la caméra d’intervention a commencé à fournir des informations audio. On peut entendre une voix derrière l’AI no 2 qui dit : « L’as-tu touché avec le Taser? » [on pense qu’il s’agit de l’AI no 1]. L’AI no 2 répond « non » au moment où le plaignant tourne vers l’est sur l’avenue Harlandale et se met à courir au milieu de la route. L’AI no 2 crie : « [prénom du plaignant], mains en l’air », alors que le plaignant cesse de courir, mais continue à s’éloigner de l’AI no 2, les mains sur le côté.

L’AI no 2 a déployé son arme à impulsions à une distance d’environ cinq à six mètres du plaignant. Les sondes ont atteint le plaignant dans la partie supérieure gauche et dans la partie inférieure droite de son dos (au niveau de la taille). Le plaignant a émis un son audible lorsque les sondes l’ont atteint et son dos s’est arqué. Il est ensuite tombé sur son côté droit, puis a fait une rotation complète du côté gauche, et s’est immobilisé à côté d’une voiture grise à quatre portes. Sur la bande audio, on peut entendre la décharge de l’arme à impulsions.

L’AI no 2 est arrivé au-dessus du plaignant, qui grimaçait, les deux mains en poings. De sa main droite, l’AI no 2 a attrapé le bras droit du plaignant. L’agent lui a ordonné de desserrer les poings et de lui montrer ses mains. Le plaignant était allongé sur son côté gauche, à côté d’une voiture stationnée. L’AI no 2 était à hauteur de sa taille et tentait, avec ses deux mains, d’amener la main droite du plaignant derrière son dos, mais le bras du plaignant semblait bloqué dans un angle de 90 degrés pour résister aux efforts de l’AI no 2. L’AI no 2 a continué d’ordonner au plaignant de montrer ses mains. L’AI no 1 était maintenant là et on peut l’entendre crier : « Mettez-vous à terre, nom d’un chien ». L’arme à impulsions n’est plus dans la main droite de l’AI no 2, mais on n’entend pas de décharge d’arme à impulsions à ce moment-là.

De son genou droit, l’AI no 1 a donné un coup dans la partie supérieure gauche du dos du plaignant. L’AI no 1 a ensuite plaqué le haut du corps du plaignant au sol. Le plaignant a crié : « Au secours, appelez la police ». L’AI no 1 a indiqué par radio : « … [Inaudible]… à l’extérieur du Pizza Pizza, Yonge et Sheppard ». Un répartiteur du SPT a alors demandé que des unités supplémentaires se rendent au Pizza Pizza situé à l’angle de Yonge et de Sheppard.

Le plaignant était toujours sur son côté gauche, le bras gauche étendu sur le sol, en direction de sa tête. L’AI no 1 et l’AI no 2 tentaient de maîtriser son bras droit. Pendant qu’il donnait quatre à cinq coups dans la poitrine du plaignant, l’AI no 1 a dit : « Arrêtez de vous battre, arrêtez de résister ». L’AI no 2 a également dit : « Arrêtez de résister ». Après les coups reçus, la résistance du plaignant a diminué et l’AI no 2 a réussi à lui passer une menotte au poignet droit, tandis que l’AI no 1 continuait d’appuyer sur les épaules et la tête du plaignant.

L’AI no 2 a demandé au plaignant de mettre ses mains derrière son dos, ce a quoi il a répondu : « Non, je n’ai rien fait ». Il a alors commencé à tirer son bras droit pour l’amener sous son corps et l’AI no 2 a saisi la deuxième menotte et a tenté d’empêcher le plaignant de glisser son bras sous lui. De son poing gauche fermé, l’AI no 1 a donné le premier coup d’une série de six à huit coups vers le bas au haut du corps/à la tête du plaignant. L’AI no 2 a de nouveau ordonné au plaignant de lui donner son autre main. On peut entendre l’AI no 1 dire « donne-moi ton autre putain de main » pendant qu’il utilisait sa main droite pour frapper le plaignant de son poing fermé.

À 3 h 11 min 35 s, l’AI no 3 est arrivé près de la tête du plaignant et l’AT no 1 est arrivé près de ses pieds. Un agent de police non identifié [par élimination, on pense qu’il s’agissait de l’AI no 3] a donné au plaignant deux coups de pied, du bout de sa botte droite, à l’épaule supérieure gauche du plaignant et dans son flanc, pendant que les agents continuaient d’ordonner au plaignant de montrer ses mains. Le plaignant a appelé à l’aide.

L’AI no 2 a commencé à avoir un certain contrôle sur le bras droit du plaignant lorsque l’AI no 1 l’a aidé à le faire rouler vers la droite, exposant ainsi son bras gauche. Le plaignant a alors de nouveau tenté de dégager son bras droit, mais sans succès, et a capitulé en disant « d’accord, d’accord ». Son bras gauche a été menotté. Ses deux bras étaient maintenant menottés derrière son dos.

Le plaignant a été remis sur ses pieds. Une arme à impulsions gisait sur le sol à ses pieds. Des agents l’ont amené au côté conducteur avant d’un VUS de police gris du SPT (celui de l’AT no 1 et de l’AI no 3).

L’AI no 2 a ramassé l’arme à impulsions sur le sol après que l’AT no 1 ait demandé à qui elle appartenait. Il s’est mis à enrouler le fil monobrin autour du dispositif, mais l’AT no 1 lui a demandé de le remettre sur le sol, à l’endroit où elle se trouvait auparavant. L’AT no 1 a remis l’arme à impulsions sur le sol, à côté d’un véhicule gris. Dans l’enregistrement, on voit l’AI no 1 et on l’entend dire : « Il (le plaignant) faut le fouiller au cas où il aurait d’autres armes ». Une sonde d’arme à impulsions était accrochée à la ceinture du manteau du plaignant.

Des agents ont amené le plaignant, qui était à côté du véhicule de police de l’AI no 3, en direction est sur l’avenue Harlandale, vers le véhicule de police Ford Explorer gris de l’AI no 1 et de l’AI 2. L’AI no 1 était à la droite du plaignant et l’AI no 2 était à sa gauche. Alors qu’ils approchaient de l’avant du véhicule, le plaignant a tenté de se dégager en tirant vers la droite. Les agents l’ont poussé contre le coin passager avant du véhicule et ont tenté de le mettre au sol. Le plaignant a tiré vers la droite, s’est mis à monter sur un banc de neige et a été mis au sol, face contre terre, dans le banc de neige. On entend l’AI no 1 dire : « Où allez-vous, que faites-vous, le combat est terminé. »

Les agents ont mis des attaches autour des chevilles du plaignant, puis il a été remis sur ses pieds et amené à la porte passager arrière du véhicule de police de l’AI no 1 et de l’AI no 2. Il a été placé dans le véhicule, puis il s’est allongé sur la banquette arrière. Les portes sont restées ouvertes et l’AI no 2 l’a surveillé jusqu’à l’arrivée de l’ambulance qui avait été demandée en raison des blessures qu’il avait subi au visage.

L’AI no 1 et l’AI no 2 parlaient. L’AI no 2 a dit qu’il avait fallu trouver le plaignant et l’arrêter pour éviter qu’il retourne à la résidence de la victime, [nom fourni], et qu’il l’agresse de nouveau ou agresse quelqu’un d’autre. L’AT no 3, qui se trouvait du côté passager du véhicule, a demandé au plaignant s’il voulait s’asseoir et celui-ci a répondu par l’affirmative. Pendant que l’agent l’aidait à s’asseoir, le plaignant a grimacé de douleur et a dit : « Mes côtes sont cassées. »

À 3 h 54 min 14 s, l’AI no 1 et l’AI no 2 étaient dans l’ambulance avec le plaignant, en chemin vers l’hôpital. L’AI no 2 l’a informé qu’il était en état d’arrestation et lui a lu ses « droits garantis par la Charte » ainsi que la mise en garde de la police.
 

Enregistrement de la caméra d’intervention de l’AI no 1

De 3 h 13 min 32 s à 3 h 26 min 13 s, on peut voir l’AI no 1 diriger le plaignant, dont les mains sont menottées derrière le dos, vers l’aile avant du côté conducteur d’un véhicule de police Ford Explorer gris. L’AI no 1 était à la droite du plaignant. L’AI no 2 a fouillé le plaignant et lui a demandé s’il avait des couteaux, des aiguilles ou tout autre objet pointu qui pourrait le blesser.

L’AI no 1 était visiblement essoufflé lorsqu’il a demandé une ambulance pour le plaignant qui avait été atteint par une arme à impulsions et arrêté. Il a ramassé une arme à impulsions qui gisait sur la chaussée, à côté d’un véhicule gris à quatre portes. Des fils de sonde sortaient de l’arme à impulsions et allaient vers le plaignant. L’arme à impulsions a été remise à l’AI no 2, qui l’a replacée dans son étui. L’AI no 1 a expliqué qu’il avait laissé son véhicule derrière pour courir après l’AI no 2, lequel poursuivait le plaignant à pied. D’autres agents de police [on sait maintenant qu’il s’agissait de l’AT no 2, de l’AT no 3, de l’AI no 3 et de l’AT no 1] étaient maintenant présents.

L’AI no 1 a expliqué que le plaignant avait été arrêté pour voies de fait commises à [adresse fournie]. Le plaignant saignait près de l’œil et de la tempe gauches. Un fil d’arme à impulsions était suspendu à la ceinture arrière de son manteau. Le plaignant semblait calme et ne se plaignait d’aucune douleur ou blessure.

À 3 h 17 min 27 s, l’AI no 1, qui était à la gauche du plaignant, et l’AI no 2, qui était à sa droite, l’ont escorté vers l’est, sur l’avenue Harlandale, en direction d’un autre véhicule de police Ford Explorer gris. Le plaignant marchait par ses propres moyens, puis a soudainement tenté de s’échapper des agents, ce qui a mené à une lutte. L’AI no 1 lui a demandé « Mais qu’est-ce que vous faites? ». Les agents ont plaqué le plaignant contre l’aile du véhicule de police. La lutte s’est poursuivie et l’AI no 1 a ordonné au plaignant de se mettre au sol. Le plaignant était face contre terre dans un banc de neige. L’AI no 2, à sa droite, lui a demandé : « Qu’est-ce que vous faites, vous êtes déjà menotté? » On peut voir et entendre l’AI no 1 glisser sur la glace et tomber au sol à la gauche du plaignant.

Des attaches ont été placées autour des jambes du plaignant. L’AI no 1 s’est plaint de s’être blessé au dos. Le plaignant a été roulé en position assise, puis on l’a aidé à se relever sur ses pieds. L’AT no 2 et l’AI no 1 l’ont ensuite porté jusqu’à la porte passager arrière du véhicule de police de l’AI no 1 et de l’AI no 2. Une fois rendus au véhicule de police, les agents ont aidé le plaignant à s’allonger sur le côté, sur la banquette arrière.

Enregistrement de la caméra d’intervention de l’AI no 3

À 3 h 12 min 31 s, l’AI no 1 et l’AI no 2 ont plaqué le plaignant contre le capot du côté conducteur d’un VUS de police identifié. L’AT no 1 se tenait à proximité. On pouvait voir du sang sur le côté gauche du visage du plaignant et il était menotté derrière le dos. L’AI no 1 et l’AI no 2 avaient de la difficulté à maîtriser le plaignant. Le plaignant a tourné la tête vers les agents. L’AT no 1 et l’AI no 3 sont venus prêter main forte.

À 3 h 12 min 58 s, l’audio s’est activé sur la caméra d’intervention de l’AI no 3. L’un des agents parlait et sonnait visiblement essoufflé. On peut voir une seule sonde et un seul fil d’arme à impulsions au-dessus des mains menottées du plaignant. Ils étaient accrochés sur la ceinture de son manteau. Un agent a demandé qu’on envoie les services médicaux d’urgence pour retirer les sondes de l’arme à impulsions. Le plaignant a crié. Les agents ont commencé à le fouiller et un agent a conseillé de faire attention aux aiguilles. On voit l’AT no 3 et l’AT no 2 à l’arrière-plan. L’AI no 1 a demandé qu’un agent aille chercher son véhicule sur la rue Yonge. L’AT no 2 s’est porté volontaire.

Le plaignant a dit : « Foutez le camp d’ici ». Un agent répond : « [Prénom du plaignant], nous sommes la police ». Un agent a ordonné au plaignant de se tourner vers le capot du véhicule de police et de se calmer. Des agents ont continué à fouiller le plaignant. Un agent lui parlait pour le calmer. Le plaignant a nié avoir des couteaux et des aiguilles sur lui. Un agent a placé un masque sur le visage du plaignant. Cela a mis fin à la fouille.

Le plaignant était calme pendant qu’il était penché sur le capot du véhicule de police, du côté conducteur. L’AI no 1 a expliqué que le plaignant avait agressé son colocataire et qu’ils étaient donc partis à sa recherche. Les agents ont mentionné les autres appels que la police avait reçus au sujet du plaignant, dont un plus tôt ce jour-là pour harcèlement. Le plaignant ne s’est pas plaint qu’il était blessé.

À 3 h 17 min 27 s, le plaignant a été escorté par l’AI no 1, à sa gauche, et l’AI no 2, à sa droite, depuis le côté conducteur du VUS de police garé sur l’avenue Harlandale vers la rue Yonge. Le plaignant n’avait pas de difficulté à marcher. On entend des cris au loin. L’AI no 3 a regardé en direction de l’avenue Harlandale, où l’AI no 1 et l’AI no 2 se débattaient avec le plaignant. Le plaignant était devant l’AI no 1 et l’AI no 2. L’AI no 1 était à genoux, le plaignant aussi. Le plaignant s’est relevé et a continué à avancer vers le banc de neige sur le bord de la chaussée pour tenter d’échapper à l’AI no 1 et à l’AI no 2. Un agent de police est arrivé en courant pour prêter main forte et a bloqué le champ de la caméra. L’AI no 1 a glissé sur la glace et est tombé sur le sol, sur le côté gauche. Un agent de police a dit : « Qu’est-ce que vous faites, qu’est-ce que vous faites? ». L’AI no 1 s’est levé, a glissé et est tombé au sol une deuxième fois, sur le côté gauche du plaignant.

L’AI no 2 est resté sur le côté droit du plaignant et a crié à ce dernier : « Calmez-vous, nom d’un chien ». Plusieurs agents de police se tenaient prêts à aider. Des agents ont mis des attaches autour des jambes du plaignant, et on lui a demandé de se calmer, car il avait failli blesser l’AI no 1 et l’AI no 2.

L’AI no 1, l’AI no 2 et un troisième agent ont aidé le plaignant à se relever et l’ont escorté jusqu’à la banquette sur le côté passager arrière du véhicule de police. Le plaignant a été placé en position de récupération.

Enregistrement de la caméra d’intervention de l’AT no 1

À 3 h 11 min 17 s, l’AT no 1 était assis sur le siège passager d’un véhicule de police du SPT. Le véhicule de police a tourné vers le nord sur la rue Yonge, depuis l’avenue Sheppard, puis vers l’ouest sur l’avenue Harlandale, s’arrêtant juste à l’ouest de l’intersection. L’AT no 1 est sorti du véhicule de police et a contourné le capot en courant, puis s’est dirigé vers le sud.

L’AI no 1 et l’AI no 2 étaient au sol et maintenaient le plaignant au sol. L’AI no 3 se tenait au dessus de lui. Les agents de police criaient : « Donnez-nous vos mains. » L’AT no 1 a couru vers le bas du corps du plaignant et s’est emparé de ses jambes. Un agent de police a dit : « Menotte-le. Menotte-le. J’essaie d’agripper son autre main. » Le plaignant était allongé sur son côté gauche, sur la chaussée, face à un véhicule garé de couleur argentée. Il avait une menotte à la main droite. L’AI no 2 tenait le bras droit du plaignant tandis que l’AI no 1 appuyait sur son épaule droite.

À 3 h 11 min 54 s, le plaignant poussait des grognements pendant qu’un agent de police lui disait : « Donnez-moi votre autre main. Mettez vos putains de mains derrière votre dos. Mettez vos mains derrière votre dos. » L’AT no 1 est resté aux pieds du plaignant, l’AI no 2 se trouvait à la hauteur de sa taille, l’AI no 3 se trouvait près du haut de son corps et l’AI no 1 était au-dessus de sa tête. Le plaignant a été remis sur ses pieds. L’AI no 2 tenait son bras droit et l’AI no 3 tenait son bras gauche. Ses mains étaient menottées derrière son dos. L’AT no 1 a dit par radio : « Nous en avons un en détention. Taser déployé. Les unités peuvent ralentir. » L’AI no 1 a saisi le plaignant par le bras droit et l’a poussé contre le capot du côté conducteur du véhicule de police de l’AT no 1 et de l’AI no 3.

L’AI no 2 a retiré un fil de son arme à impulsions. L’AT no 1 lui a dit : « Laisse-le là. Laisse-le là. » L’AI no 2 a remis son arme à impulsions et le fil sur le sol, à côté d’un véhicule civil qui était garé. L’AI no 1 et l’AI 3 ont continué à tenir le plaignant debout contre l’avant du véhicule de police. Le plaignant a crié : « Au secours. Au secours. » L’AT no 1 a dit : « [nom du plaignant]. Le type de [adresse associée à l’appel pour voies de fait]. Il a agressé son colocataire. Donc, la victime, il est allé à l’HGNY. Hé, mon pote, fais attention aux aiguilles, hein. A-t-il une sonde? »

L’AI no 2 et l’AI no 3 maintenaient le plaignant contre le véhicule de police pendant que l’AI no 1 effectuait une fouille par palpation. L’AT no 1 a dit : « Ne l’enlève pas, on va demander aux ambulanciers de le faire. » Il a ensuite appelé le répartiteur au moyen de sa radio et a demandé qu’on envoie des ambulanciers paramédicaux pour retirer la sonde de l’arme à impulsions.

L’AT no 1 s’est dirigé vers l’AT no 6 qui venait d’arriver. L’AT no 1 a déclaré : « C’est donc le [adresse fournie]. Alors, le gars qui a été agressé, il a été piétiné au visage. » L’AT no 1 a alors remarqué une personne assise dans le siège conducteur du véhicule de couleur argentée. L’AT no 6 a pointé l’arme à impulsions de l’AI no 2 sur le sol et a demandé : « C’est à qui ce Taser? » L’AT no 1 a ordonné au civil qui était au volant du véhicule argenté de rester dans la voiture [4]. Il s’est ensuite dirigé en direction est, avec l’AT no 6, vers la rue Yonge. L’AT no 1 a commencé à expliquer à l’AT no 6 ce qui s’était passé. Il a coupé le son de sa caméra d’intervention pendant qu’il parlait à l’AT no 6.

À 3 h 16 min 54 s, l’AT no 1 a réactivé le son de sa caméra d’intervention et est retourné à l’endroit où des agents retenaient le plaignant contre le véhicule de police. Il a indiqué à l’AI no 3 qu’ils allaient partir et se rendre à l’hôpital. Il a ensuite dit à l’AI no 1 qu’une ambulance était en route et qu’il ne fallait pas enlever la sonde. L’AI no 1 se tenait sur le côté gauche du plaignant et le maintenait contre le capot du véhicule de police. L’AT no 1 lui a dit qu’il avait besoin de son véhicule de police pour se rendre à l’hôpital. L’AI no 1 a déclaré : « D’accord, amenons-le à un autre véhicule. » L’AI no 1 et l’AI 2 ont commencé à amener le plaignant vers l’est, en direction de la rue Yonge.

L’AT no 3, l’AT no 2, l’AI no 3 et l’AT no 1 ainsi que l’AT no 6 se tenaient en groupe à côté du premier véhicule de police qui était arrivé sur les lieux (celui de l’AT no 1 et de l’AI no 3). On peut entendre un grognement, et les cinq agents de police se sont mis à marcher vers l’est, en direction de la rue Yonge. On entend un deuxième grognement, puis l’AI no 2 et l’AI no 1 tombent au sol devant leur véhicule de police, lequel était garé plus près de la rue Yonge. L’AI no 2 avait atterri sur le plaignant qui était face contre terre dans un banc de neige. Un agent de police a crié : « Mais qu’est-ce que vous faites? Qu’est-ce que vous faites? Vous êtes menotté. Calmez-vous, bordel. » L’AT no 6 a demandé qu’on mette des attaches autour des chevilles du plaignant. L’AT no 1 a pris les attaches du ceinturon de service de l’AI no 2 pendant que ce dernier se penchait au-dessus du plaignant et le retenait dans le banc de neige.

L’AI no 1 et l’AI 3 ont également aidé à maintenir le plaignant au sol. L’AT no 1 a mis les attaches autour des jambes du plaignant avec l’aide d’autres agents. Le plaignant était allongé sur son côté gauche, sur la chaussée, le haut de son corps sur le banc de neige et la tête tournée vers l’est. L’AT no 3 était au-dessus du plaignant et le maintenait au sol, tout en lui parlant. Il a demandé au plaignant de se calmer et lui a expliqué qu’ils essayaient de lui obtenir de l’aide.

L’AT no 3, l’AI no 1 et l’AI no 2 ont remis le plaignant sur ses pieds et l’ont aidé à monter à l’arrière du véhicule de police. L’AT no 1 est retourné à son véhicule de police.

Enregistrement de la caméra d’intervention de l’AT no 2

L’enregistrement de la caméra d’intervention de l’AT no 2 commence après que le plaignant ait tenté de s’échapper de l’AI no 2 et de l’AI no 1, soit pendant que des agents l’escortaient, menotté, vers un véhicule de police. L’enregistrement concorde avec ceux provenant des caméras d’intervention de l’AI no 2, de l’AI no 1 et de l’AT no 1, mais on y voit les événements depuis des angles légèrement différents.
 

Enregistrement de la caméra d’intervention de l’AT no 3

L’enregistrement de la caméra d’intervention de l’AT no 3 commence après que le plaignant ait tenté de s’échapper de l’AI no 2 et de l’AI no 1, soit pendant que des agents l’escortaient, menotté, vers un véhicule de police. L’enregistrement concorde avec ceux provenant des caméras d’intervention de l’AI no 2, de l’AI no 1, de l’AT no 1 et de l’AT no 2, mais on y voit les événements depuis des angles légèrement différents.

Enregistrement de la caméra d’intervention de l’AT no 6

À 3 h 12 min 54 s, l’AT no 6 est arrivé sur l’avenue Harlandale et s’est arrêté, face à l’ouest, derrière un Ford Explorer gris du SPT (on sait maintenant qu’il s’agissait du véhicule de l’AI no 3 et de l’AT no 1), dont les feux d’urgence étaient allumés. À son arrivée, il y a une transmission radio demandant l’envoi d’une ambulance pour enlever une sonde d’arme à impulsions.

Le reste de l’enregistrement de la caméra d’intervention de l’AT no 6 concorde avec ceux provenant des caméras d’intervention de l’AI no 2, de l’AI no 1 et de l’AT no 1, mais on y voit les événements depuis des angles légèrement différents.

Documents obtenus du service de police

Sur demande, l’UES a obtenu et examiné les documents et les éléments suivants auprès du SPT entre le 13 février 2022 et le 1er avril 2022 :
  • Rapport d’incident général
  • Rapport sur les détails de l’événement
  • Enregistrements de communications
  • Procédure — Arrestation
  • Procédure — Emploi de la force
  • Procédure — Caméra d’intervention
  • Rapport des blessures — Arrestation
  • Rapport des blessures — Arme à impulsions
  • Notes — AT no 3
  • Notes — AT no 2
  • Notes — AT no 6
  • Notes — AT no 5
  • Notes — AT no 1
  • Notes — AT no 4
  • Images captées par la caméra d’intervention — AI no 2
  • Images captées par la caméra d’intervention — AI no 1
  • Enregistrement de la caméra d’intervention de l’AI no 3
  • Images captées par la caméra d’intervention — AT no 1
  • Images captées par la caméra d’intervention — AT no 3
  • Images captées par la caméra d’intervention — AT no 2
  • Images captées par la caméra d’intervention — AT no 6
  • Images captées par le SCIV — véhicule de l’AI no 3 et de l’AT no 1
  • Images captées par le SCIV — véhicule de l’AI no 1 et de l’AI no 2
  • Photos des lieux
  • Enregistrement vidéo fourni par le Rio Can REIT Centre sur la rue Yonge [5]

Éléments obtenus auprès d’autres sources

L’UES a examiné les éléments et documents suivants remis par d’autres sources :
  • Documents médicaux fournis par l’HGNY
  • Documents médicaux fournis par l’hôpital St. Michael’s

Description de l’incident

Le scénario suivant se dégage de la preuve recueillie par l’UES, laquelle comprend des entrevues avec le plaignant et un certain nombre d’agents qui étaient présents au moment de l’arrestation. Les principaux événements en question ont également été captés en grande partie par les caméras d’intervention des agents. Comme la loi les y autorise, aucun des agents impliqués n’a choisi de participer à une entrevue avec l’UES ni d’autoriser la transmission de leurs notes.

Tôt dans la matinée du 12 février 2022, le plaignant se trouvait dans le secteur de la rue Yonge et de l’avenue Sheppard Ouest lorsque des agents de police l’ont retrouvé. Il a immédiatement pris la fuite vers le nord, à pied, sur le côté ouest de la rue Yonge, et les agents l’ont poursuivi. Après le McDonald’s situé à l’angle nord-ouest de l’intersection, le plaignant a tourné et a continué à courir vers l’ouest dans une allée, jusqu’à la fin de l’allée, puis il s’est dirigé vers le nord en courant dans une autre allée, en direction de l’avenue Harlandale. Une fois rendu sur l’avenue Harlandale, le plaignant a parcouru une courte distance vers l’est avant que les sondes d’une arme à impulsions l’atteignent dans le dos.

Les agents qui le poursuivaient étaient l’AI no 1 et l’AI no 2. Plus tôt ce matin-là, des agents s’étaient présentés à une résidence située dans le secteur de la rue Yonge et de l’avenue Sheppard, car l’un des résidents du domicile avait signalé que le plaignant l’avait agressé et avait quitté les lieux avant l’arrivée des agents. Alors qu’ils patrouillaient dans le secteur, des agents ont vu le plaignant dans le secteur de la rue Yonge et de l’avenue Sheppard Ouest. Ils ont garé leur véhicule de police et se sont mis à poursuivre le plaignant à pied.

Alors que l’AI no 2 — qui était le plus près du plaignant — poursuivait le plaignant dans l’allée menant à l’avenue Harlandale, en direction nord, il a déployé son arme à impulsions. Cette décharge n’a eu aucun effet sur le plaignant. Il a poursuivi sa fuite sur l’avenue Harlandale. Une fois rendu sur l’avenue Harlandale, en direction est, l’AI no 2 a de nouveau déployé avec son arme à impulsions. Cette fois, la décharge semble avoir immobilisé le plaignant temporairement. Il a ensuite tombé au sol près du côté conducteur d’un véhicule qui était stationné sur le bord de la route, sur le côté sud de l’avenue Harlandale.

L’AI no 2 et l’AI no 1 ont rapidement rejoint le plaignant au sol. Il s’en est ensuivi une lutte prolongée avec le plaignant pour arriver à saisir ses bras. L’AI no 2 et l’AI no 1 ont été rejoints peu après par l’AT no 1 et l’AI no 3, lequel a tenté physiquement d’aider l’AT no 1 et l’AI no 2 à maîtriser le plaignant. L’AI no 1 a donné deux coups de genou dans le torse du plaignant et plusieurs coups de poing au torse et à la tête du plaignant. Le plaignant a également reçu deux coups de pied dans le dos, lesquels ont probablement été portés par l’AI no 3, mais on ne peut le dire avec certitude. Après le dernier de ces coups, les agents ont menotté les bras du plaignant derrière son dos.

Des agents ont aidé le plaignant à se relever et l’ont escorté jusqu’au capot du véhicule de police de l’AT no 1 et de l’AI no 3, sur le côté conducteur, où ils l’ont fouillé.

Une autre lutte a eu lieu quelques instants plus tard, alors que l’AI no 2 et l’AI no 1 escortaient le plaignant en direction est, sur l’avenue Harlandale, et se dirigeaient vers l’avant de leur véhicule, que l’AT no 2 venait d’aller chercher. Le plaignant a fait un mouvement brusque vers la droite, c.-à-d. vers le sud, pour tenter d’échapper aux agents. L’AI no 2 et l’AI no 1 ont décidé de mettre le plaignant au sol. Ce faisant, il semble que les agents aient perdu l’équilibre sur la route glissante et soient tombés dans un banc de neige avec le plaignant. Des attaches ont été placées autour des jambes du plaignant, qui a de nouveau été remis sur ses pieds, escorté jusqu’au véhicule de police de l’AI no 2 et de l’AI no 1, et placé sur la banquette arrière.

Le plaignant a été directement transporté à l’hôpital en ambulance où on lui a diagnostiqué des fractures des côtes gauches et droites.

Dispositions législatives pertinentes

Paragraphe 25(1) du Code criminel -- Protection des personnes autorisées

25 (1) Quiconque est, par la loi, obligé ou autorisé à faire quoi que ce soit dans l’application ou l’exécution de la loi :
a) soit à titre de particulier
b) soit à titre d’agent de la paix ou de fonctionnaire public
c) soit pour venir en aide à un agent de la paix ou à un fonctionnaire public
d) soit en raison de ses fonctions
est, s’il agit en s’appuyant sur des motifs raisonnables, fondé à accomplir ce qu’il lui est enjoint ou permis de faire et fondé à employer la force nécessaire pour cette fin.

Analyse et décision du directeur

Le plaignant a été grièvement blessé lors de son arrestation par les agents du SPT le 12 février 2022. L’enquête de l’UES a permis de déterminer que l’AI no 1, l’AI no 2 et l’AI no 3 étaient les agents impliqués dans cette affaire. L’enquête est maintenant terminée. D’après mon évaluation de la preuve, je n’ai a aucun motif raisonnable de conclure que les agents impliqués ont commis une infraction criminelle en lien avec l’arrestation du plaignant et les blessures qu’il a subies.

En vertu du paragraphe 25 (1) du Code criminel, les agents de police sont à l’abri de toute responsabilité criminelle s’ils doivent recourir à la force dans l’exercice de leurs fonctions, pourvu que cette force soit raisonnablement nécessaire à l’exécution d’un acte qu’ils étaient tenus ou autorisés à accomplir en vertu de la loi.

Je suis convaincu qu’il était justifié d’arrêter le plaignant. Les agents, qui ont répondu à un appel pour voies de fait et parlé avec la victime présumée, avaient des raisons de croire que le plaignant venait de commettre une agression violente à l’aide d’une arme — une paire de ciseaux.

Je suis également convaincu que la nature et l’étendue de la force utilisée par les agents pour arrêter le plaignant étaient justifiées au sens de la loi. Il n’y a aucun doute que le plaignant tentait d’échapper à son arrestation lorsqu’il s’est enfui des agents sur la rue Yonge, puis sur l’avenue Harlandale. La décision de l’AI no 2 de recourir à son arme à impulsions me semble une tactique appropriée pour attraper le plaignant sans lui infliger des blessures graves. Une fois le plaignant au sol, il n’y a aucun doute que les coups portés par l’AI no 1 ont représenté une force importante. Cela dit, lui et l’AI no 2 étaient aux prises avec un individu qui résistait énergiquement à son arrestation et ils avaient des raisons de croire qu’il pourrait être armé. Il était donc impératif de maîtriser le plaignant le plus rapidement possible. Dans ce contexte, je ne peux pas raisonnablement conclure que l’AI no 1 a utilisé une force excessive. En effet, ce n’est qu’après le coup final que le plaignant a capitulé en disant « d’accord, d’accord », indiquant qu’il était finalement prêt à se rendre. On peut essentiellement en venir aux mêmes conclusions en ce qui concerne les coups de pied que l’AI no 3 aurait donnés au plaignant lors de la lutte au sol. Enfin, la mise au sol du plainant alors que l’AI no 1 et l’AI no 2 l’escortaient jusqu’à leur véhicule est survenue en raison de la résistance continue du plaignant. Bien que menotté, il a tenté de s’échapper, puis a continué de résister à leurs efforts pour le maîtriser. Dans de telles circonstances, la mise au sol était logique afin de mettre fin à la lutte du plaignant et de le placer dans une position qui allait permettre aux agents de mieux gérer sa combativité.

Pour les motifs qui précèdent, bien que j’accepte que le plaignant ait subi de graves blessures durant l’altercation physique qui a marqué son arrestation, je n’ai pas de motifs raisonnables de croire qu’elles découlent d’une conduite illégale de la part de l’AI no 1, de l’AI no 2 ou de l’AI no 3. Il n’y a donc pas lieu de porter des accusations dans cette affaire et le dossier est clos.


Date : 10 juin 2022

Approuvé électroniquement par

Joseph Martino
Directeur
Unité des enquêtes spéciales

Notes

  • 1) NdT : Signal de fonctionnement du chargeur énergétique (SPPM) - fin de la transmission [Retour au texte]
  • 2) Les éléments suivants contiennent des renseignements personnels de nature délicate qui ne sont pas divulgués dans le présent rapport, comme le prévoit le paragraphe 34 (2) de la Loi de 2019 sur l’Unité des enquêtes spéciales. Les principaux éléments sont résumés ci-dessous. [Retour au texte]
  • 3) NdT : Tous les dialogues sont des traductions. [Retour au texte]
  • 4) Les enquêteurs ont contacté cet homme, mais il a refusé de participer à un entretien. [Retour au texte]
  • 5) L’UES a déterminé que cet enregistrement n’avait aucune valeur probante. [Retour au texte]

Note:

La version originale anglaise signée du rapport fait autorité. En cas de divergence entre cette version et les versions anglaise ou française en ligne, la version originale anglaise signée du rapport l’emporte.