Rapport du directeur de l’Unité des enquêtes spéciales - Dossier nº 20-TVI-206

Attention :

Cette page affiche un contenu graphique pouvant choquer, offenser et déranger.

Mandat de l’UES

L’Unité des enquêtes spéciales (« l’UES » ou « l’Unité ») est un organisme civil d’application de la loi qui mène des enquêtes sur les incidents à l’origine de blessures graves, de décès ou d’allégations d’agressions sexuelles, dans lesquels des agents de police sont en cause. La compétence de l’Unité s’étend à plus de 50 corps de police municipaux, régionaux et provinciaux dans l’ensemble de l’Ontario.

En vertu de la Loi sur les services policiers, le directeur de l’UES doit déterminer, d’après les preuves recueillies dans une enquête, si un agent a commis une infraction criminelle en rapport avec l’incident faisant l’objet de l’enquête. Si, à la suite de l’enquête, il existe des motifs raisonnables de croire qu’une infraction a été commise, le directeur a le pouvoir de déposer un chef d’accusation à l’encontre de l’agent. Subsidiairement, s’il n’y a aucun motif raisonnable de croire qu’une infraction criminelle a été commise, le directeur ne dépose pas d’accusation, mais remet un rapport au procureur général pour l’informer des résultats de l’enquête.

Restrictions concernant la divulgation de renseignements

Loi sur l’accès à l’information et la protection de la vie privée (« LAIPVP »)

En vertu de l’article 14 de la LAIPVP (article relatif à l’application de la loi), certains renseignements peuvent être omis du présent rapport, notamment s’il est raisonnable de s’attendre à ce que leur divulgation ait pour effet, selon le cas :
  • de révéler des techniques et procédés d’enquête confidentiels utilisés par des organismes chargés de l’exécution de la loi;
  • de faire obstacle à une question qui concerne l’exécution de la loi ou à une enquête menée préalablement à une instance judiciaire. 

En vertu de l’article 21 de la LAIPVP (article relatif à la vie privée), le présent rapport ne contient aucun renseignement personnel protégé, notamment :
  • le nom de tout agent impliqué;
  • le nom de tout agent témoin;
  • le nom de tout témoin civil;
  • les renseignements sur le lieu de l’incident; 
  • les déclarations des témoins et les éléments de preuve qui ont été fournis à l’UES à titre confidentiel dans le cadre de l’enquête; 
  • d’autres identifiants susceptibles de révéler des renseignements personnels sur les personnes concernées par l’enquête

Loi de 2004 sur la protection des renseignements personnels sur la santé (« LPRPS »)

En vertu de la LPRPS, le présent document ne contient aucun renseignement personnel lié à la santé de personnes identifiables. 

Autres instances, processus et enquêtes

Il se peut que certains renseignements aient été omis du présent rapport parce que leur divulgation pourrait compromettre l’intégrité d’autres instances liées au même incident, par exemple des instances pénales, des enquêtes du coroner, d’autres instances publiques ou d’autres enquêtes menées par des organismes d’application de la loi.

Exercice du mandat

La compétence d’enquête de l’Unité se limite aux incidents impliquant la police et qui ont causé un décès ou une blessure grave (y compris une allégation d’agression sexuelle).

On doit englober dans les «â€‰blessures graves » celles qui sont susceptibles d’avoir des répercussions sur la santé ou le bien-être de la victime et dont la nature est plus que passagère ou insignifiante; elles comprennent les blessures graves résultant d’une agression sexuelle. Il y aura, à priori, présomption de «â€‰blessures graves » si la victime est hospitalisée, souffre d’une fracture d’un membre, d’une côte, d’une vertèbre ou du crâne, souffre de brûlures sur une grande partie du corps, a perdu une partie du corps, la vue ou l’ouïe, ou encore si elle allègue qu’elle a été agressée sexuellement. Si un long délai est à prévoir avant l’évaluation de la gravité des blessures, l’Unité devrait en être avisée pour qu’elle puisse surveiller la situation et décider dans quelle mesure elle interviendra.

Ce rapport porte sur l’enquête menée par l’UES concernant les blessures graves subies par un homme de 21 ans (le « plaignant no 1 ») et une femme de 23 ans (la « plaignante no 2 »).

L’enquête

Notification de l’UES

Le 20 août 2020, à 21 h, le Service de police de Toronto (SPT) a avisé l’UES de la blessure subie par le plaignant no 1.

Le SPT a fait savoir que le 20 août 2020, à 15 h 37, deux agents de son service effectuaient le contrôle de la vitesse des véhicules dans le secteur de l’avenue Sheppard et de la rue Keele. L’un des agents était à pied avec le radar et l’autre était dans le véhicule et rédigeait ses notes. Une voiture Porsche Cayenne est alors passée dans le secteur à grande vitesse et ne s’est pas arrêtée lorsque l’agent lui a signalé de le faire. Les agents ont poursuivi la Porsche et ont perdu celle-ci de vue en raison d’une pente. Lorsque les agents se sont retrouvés au haut de la pente, ils ont constaté que la Porsche avait été impliquée dans une collision. En effet, elle était entrée en collision avec un camion fourgon conduit par le père du plaignant no 1; elle avait ensuite heurté un piéton, puis un autre véhicule (le conducteur et le passager ont par la suite reçu leur congé de l’Hôpital général de North York). Le conducteur de la Porsche et le conducteur du camion fourgon et son fils ont été transportés à l’Hôpital régional Humber River. Le plaignant no 1 a reçu un diagnostic de fracture du poignet. Le père du plaignant no 1 et le conducteur de la Porsche n’ont pas subi de blessure grave. Le piéton a également été transporté à l’Hôpital régional Humber River et, puisqu’on n’a constaté aucune blessure grave, il a reçu son congé. 

L’équipe

Nombre d’enquêteurs de l’UES assignés : 4
Nombre d’enquêteurs spécialistes des sciences judiciaires de l’UES assignés : 2

Plaignants

Plaignant no 1 Homme de 21 ans; a participé à une entrevue et ses dossiers médicaux ont été obtenus et examinés
Plaignante no 2 Femme de 23 ans; a participé à une entrevue et ses dossiers médicaux ont été obtenus et examinés


Témoins civils (TC)

TC no 1 A participé à une entrevue
TC no 2 A participé à une entrevue
TC no 3 A participé à une entrevue
TC no 4 A participé à une entrevue
TC no 5 A participé à une entrevue
TC no 6 A participé à une entrevue
TC no 7 N’a pas participé à une entrevue (refus)

Agents témoins (AT)

AT no 1 A participé à une entrevue
AT no 2 A participé à une entrevue
AT no 3 A participé à une entrevue
AT no 4 A participé à une entrevue


Agent impliqué (AI)

AI A participé à une entrevue; notes reçues et examinées


Éléments de preuve

Les lieux

L’incident s’est produit à l’intersection de la rue Keele et de l’avenue Sheppard.

Selon l’information donnée au départ par la radio de police, un véhicule est passé près du radar à une vitesse élevée. Lorsqu’il a tenté d’effectuer un virage à l’intersection de la rue Keele et de l’avenue Sheppard, il est entré en collision avec un gros camion commercial, qui, à son tour, a heurté un plus petit camion commercial. Le véhicule a ensuite heurté le banc d’un abri d’autobus, puis s’est arrêté. Un passager du deuxième camion commercial a subi une blessure grave.

Trois véhicules se trouvaient sur les lieux :

Le véhicule no 1 est une voiture Porsche Cayenne S 2003 à quatre portes de couleur argentée. Le véhicule se trouvait du côté ouest du trottoir sud-ouest, contre une grande affiche. Il était orienté vers l’ouest. Le véhicule présentait d’importants dommages à l’avant et au coin arrière gauche. Les coussins gonflables des deux sièges avant étaient déployés. On a déterminé que ce véhicule était conduit par le TC no 7.

Figure 1 – La Porsche conduite par le TC no 7.

Figure 1 – La Porsche conduite par le TC no 7.


Le véhicule no 2 est un camion fourgon Hino 2018 blanc à deux portes. Le véhicule chevauchait la voie de virage à gauche en direction nord de la rue Keele et la première voie, et était orienté vers le sud-est. Il y avait des dommages à l’avant, sur la porte côté passager avant et sur le coin avant gauche de la caisse du véhicule. On a déterminé que ce véhicule était conduit par le TC no 3. 

Figure 2 – Le camion conduit par le TC no 3.

Figure 2 – Le camion conduit par le TC no 3.


Le véhicule no 3 est une fourgonnette GMC Savana 2020 blanche à deux portes. Le véhicule se trouvait sur le terre-plein de la rue Keele et était orienté vers le sud-est. Il se trouvait derrière le véhicule no 2. Il présentait des dommages à l’avant et sur les panneaux avant droit et gauche. On a déterminé que ce véhicule était conduit par le TC no 2.

Figure 3 – La fourgonnette conduite par le TC no 2.

Figure 3 – La fourgonnette conduite par le TC no 2.

Schéma des lieux

Schéma des lieux

Éléments de preuve matériels

Un enquêteur spécialiste des sciences judiciaires s’est rendu aux installations de la 31e division du SPT. Dans le stationnement à l’arrière de l’immeuble, l’enquêteur a photographié un véhicule de police aux couleurs du SPT qui avait été impliqué dans cet incident.

Le véhicule en question était un véhicule utilitaire sport (VUS) Ford aux couleurs de la police. Ce véhicule ne présentait aucun dommage.

Éléments de preuves médicolégaux


Données du système de localisation GPS/du système de localisation automatique des véhicules du SPT


Les données de ces systèmes ont été enregistrées le 20 août 2020 et indiquent ce qui suit :

À 15 h 33 min 24 s, l’AI circulait dans les voies en direction est [1], à l’est de l’entrée du parc Downsview Dells, à 74 km/h. Il s’agit du premier point de données fourni par le SPT.

À 15 h 33 min 28 s, le véhicule de police circulait à 65 km/h et, à 15 h 33 min 29 s, sa vitesse était de 48 km/h. Pour ce point de données et les quatre prochains, il semble que l’AI se trouvait dans la voie en direction est no 1 (voies numérotées depuis le centre vers la bordure) ou dans la voie commune de virage à gauche. À 15 h 33 min 31 s, l’AI circulait à 61 km/h à la hauteur de la promenade Seeley et, à 15 h 33 min 34 s, il circulait à 74 km/h à l’est de la promenade Seeley.

À 15 h 33 min 35 s, l’AI circulait à 83 km/h à l’ouest de la route Sunfield et, à 15 h 33 min 40 s, il circulait à 24 km/h à l’intersection munie d’un feu de circulation de la route Sentinel. Cela indique que l’AI était en train de ralentir, voire de s’arrêter.

À 15 h 33 min 45 s, l’AI circulait à 54 km/h à l’est de la route Sentinel, dans les voies en direction est. Selon Google Maps, il y a un panneau indiquant une limite de vitesse de 60 km/h juste à l’est de la route Sentinel.

À 15 h 33 min 50 s, l’AI circulait à 78 km/h et se trouvait environ à mi-chemin entre la route Sentinel et la rue Keele. Selon Google Maps, il y a un passage pour piétons peint au sol et accompagné d’un signal lumineux à cet emplacement.

À 15 h 33 min 58 s, l’AI circulait à 74 km/h et se trouvait à 85 mètres à l’ouest de la rue Keele.

Le point de données suivant fait état de la situation trois minutes plus tard; le véhicule de l’AI se trouvait alors près d’un immeuble situé du côté sud de l’avenue Sheppard Ouest et à l’ouest de la rue Keele.

Le spécialiste de la reconstitution des collisions de l’UES a effectué les calculs de temps et de distance suivants à partir des données du système GPS et du système de localisation automatique des véhicules concernant la circulation de l’AI en direction est sur l’avenue Sheppard Ouest depuis le parc Downsview Dells jusqu’à l’ouest de la rue Keele. Selon ce qu’indiquent les 10 points de données, l’AI a parcouru en tout une distance d’environ 650 mètres en quelque 34 secondes, ce qui représente une vitesse moyenne de 68 km/h. La vitesse maximale enregistrée par le système de localisation automatique des véhicules pour l’AI a été de 83 km/h dans une zone où la limite de vitesse affichée semble être de 60 km/h.

Éléments de preuve sous forme de vidéos, d’enregistrements audio ou photographiques


Enregistrements du système de caméras à bord du véhicule de l’AI


Le 20 août 2020, l’AI et l’AT no 1 prenaient place dans le véhicule du SPT. Le système de caméras a effectué des enregistrements vidéo comprenant une piste audio qui permettent de voir par le pare-brise du véhicule, ainsi que le siège arrière. Le système de caméras à bord du véhicule du SPT a capté ce qui suit de 15 h 32 min 39 s à 16 h 47 min 13 s :

À 15 h 32 min 39 s, on voit le véhicule de police immobile dans l’entrée du parc Downsview Dells; il est orienté vers le nord, et on voit l’avenue Sheppard. Le système de caméras a enregistré pendant 20 secondes avant d’être activé par le conducteur du véhicule (cette information a été transmise pendant l’entrevue avec l’AI). À 15 h 32 min 58 s, l’AT no 1 entre dans le champ de la caméra, au coin est de l’entrée du parc, sur l’avenue Sheppard Ouest. L’AT no 1 s’approche de la rue et semble pointer de sa main droite un VUS argenté [on sait qu’il s’agit de la Porsche Cayenne conduite par le TC no 7] qui circule en direction est sur l’avenue Sheppard Ouest. La Porsche continue de circuler vers l’est, passe à côté de l’AT no 1 et sort du champ de la caméra. L’AT no 1 marche vers le véhicule de police, qui commence à avancer vers l’agent.

La voiture de police s’arrête brièvement à l’avenue Sheppard Ouest (on sait que l’AT no 1 est monté à bord du véhicule à ce moment-là), puis commence à circuler en direction est sur cette même avenue. La sirène de la voiture de police est activée sur l’avenue Sheppard Ouest. La Porsche Cayenne n’est pas visible devant la voiture de police. À 15 h 34 min 1 s, tandis que la voiture de police s’approche de la rue Keele, l’AT no 1 dit [traduction] « là, là, derrière ». Les feux contrôlant la circulation en direction est sur l’avenue Sheppard Ouest sont verts à ce moment-là.

Un autobus de la Commission de transport de Toronto (CTT) est immobile, orienté vers le sud dans la voie en bordure en direction sud de la rue Keele, à un arrêt situé au coin sud ouest de l’intersection (on sait qu’il s’agit du lieu où s’est produite la collision impliquant la Porsche poursuivie); le lieu de la collision n’est pas visible sur la vidéo. L’AI et l’AT no 1 immobilisent leur véhicule, reculent et font demi-tour pour se diriger vers l’ouest sur l’avenue Sheppard Ouest. L’AT no 1 dit [traduction] « il se sauve ». Des piétons se trouvant au coin sud-ouest crient, et on voit un piéton pointer vers l’ouest.

À 15 h 34 min 17 s, le véhicule de police s’arrête et l’AI dit [traduction] « vas-y, vas-y ». Une portière de voiture s’ouvre et se referme (on sait que l’AT no 1 est descendu pour poursuivre l’homme à pied). L’AI continue de circuler vers l’ouest, puis tourne à gauche (vers le sud) dans la voie d’accès pour autos arrière d’un immeuble d’habitation (dont l’adresse est le 1395, avenue Sheppard Ouest). Cet immeuble se trouve à la gauche de l’AI; une longue clôture de bois se trouvant à droite sépare l’immeuble d’une autre zone résidentielle. À 15 h 34 min 41 s, l’AI arrête son véhicule et court en direction sud-ouest, vers la clôture de bois et hors du champ de la caméra.

À 15 h 35 min 28 s, l’AT no 1 arrive à la hauteur de la voiture de police, monte à bord et s’engage en direction sud (on sait que l’AI avait laissé le véhicule en marche). L’AT no 1 traverse une subdivision résidentielle pour se rendre au 15, Norman Wesley Way, où l’AI est agenouillé au-dessus du TC no 7. Le TC no 7 est couché sur le côté gauche dans la voie d’accès pour autos, les mains menottées derrière le dos. On entend, par la radio du véhicule de police, d’autres agents et le répartiteur de la police parler et transmettre de l’information concernant la collision survenue à l’intersection de l’avenue Sheppard Ouest et de la rue Keele.

L’AT no 1 descend de la voiture et va rejoindre l’AI, qui a le TC no 7 sous sa garde. L’AT no 1 demande au TC no 7 [traduction] « pourquoi tu te sauves? », ce à quoi le TC no 7 répond « mes freins ne fonctionnaient plus ». L’AI no 1 dit « tes freins ne fonctionnaient plus. Tu as appuyé sur l’accélérateur, puis tu t’es sauvé ». Le TC no 7 répète « mes freins ne fonctionnaient plus ». L’AT no 1 réplique « on ne se sauve pas pour un bris de freins. Ce n’est pas une raison pour s’éloigner de la voiture ». L’AI et l’AT no 1, qui sont au-dessus du TC no 7, procèdent à une fouille de ce dernier. Pendant la fouille, les agents font mention d’un gros montant d’argent que le TC no 7 a sur lui.

À 15 h 38 min 13 s, l’AI aide le TC no 7 à se relever en tenant le bras droit de celui-ci. On conduit le TC no 7 à l’avant du véhicule de police, du côté conducteur. Le TC no 7 boite et semble mettre peu de pression sur sa jambe gauche. Le TC no 7 est penché sur le capot du véhicule tandis que l’AI procède à une nouvelle fouille. À 15 h 40, le TC no 7 est assis sur le siège arrière de la voiture de police. Il continue de donner l’impression que sa jambe lui donne du mal et qu’il ressent de la douleur.

À 16 h 22 min 35 s, le TC no 7 enlève ses deux souliers avec ses pieds. Ses deux jambes semblent bouger librement. À 16 h 26 min 55 s, l’enregistrement audio reprend. Le TC no 7 demande s’il va recevoir de l’aide médicale, et on lui répond qu’on a appelé une ambulance pour lui. À 16 h 29 min 34 s, le répartiteur fait savoir par radio que l’ambulance allait prendre un certain temps avant d’arriver. À 16 h 44 min 33 s, le son de l’enregistrement coupe, et à 16 h 47 min 13 s, l’enregistrement du système de caméra prend fin. 

Caméra de circulation de la Ville de Toronto


La caméra était située à l’intersection de la rue Keele et de l’avenue Sheppard Ouest.

L’enregistrement commence à 15 h 40 min 7 s et dure une heure. Il débute après le moment où la collision est survenue. Il est possible de manipuler la caméra pour voir l’intersection ainsi que les deux rues dans toutes les directions.

À 15 h 40 min 7 s, la caméra montre l’intersection et les voies en direction nord et en direction sud seulement de la rue Keele, au nord de l’avenue Sheppard Ouest, en plus des voies en direction ouest de l’avenue Sheppard Ouest, à l’ouest de la rue Keele. À 15 h 43 min 16 s, la caméra montre l’endroit où la collision a eu lieu, dans les voies en direction sud de la rue Keele, tout juste au sud de l’avenue Sheppard Ouest. On voit un autobus de la CTT, arrêté dans la voie en direction sud de la rue Keele. L’arrière de l’autobus est sur le passage pour piétons.

Un camion fourgon blanc est arrêté, orienté vers le sud-est, dans la voie en direction nord de gauche de la rue Keele, tout juste au nord de l’autobus. On sait que ce véhicule était conduit par l’AT no 3. Une fourgonnette de location de l’entreprise Discount est, pour sa part, arrêtée dans la voie en direction nord de la rue Keele, près du coin arrière gauche du camion fourgon. Elle est orientée vers le sud-est et ses pneus arrière sont sur le terre-plein. On sait que cette fourgonnette était occupée par le TC no 2 et par son fils, le plaignant no 1. L’arrière de la Porsche [on sait qu’elle était conduite par le TC no 7] est visible au sud de l’autobus (devant). La Porsche est orientée vers l’ouest, ses pneus arrière sont sur le trottoir, tandis que le devant du véhicule semble être dans le stationnement de l’établissement situé à cet endroit.

Une ambulance et un camion du service d’incendie de Toronto sont arrêtés sur la rue Keele, au sud du lieu de la collision. Le premier véhicule du SPT arrive à 15 h 44 min 20 s. Une ambulance et des véhicules de police arrivent à leur tout sur place, mais on ne voit rien d’aucun pouvant avoir une valeur probante.

Enregistrements de communications

Les enregistrements ont été faits le 20 août 2020 et consistent en ce qui suit :

À 15 h 33 min 32 s, la TC no 5 téléphone au 9-1-1. Elle dit avoir vu ce qu’elle croit être un véhicule Range Rover de couleur argent [on sait maintenant qu’il s’agissait de la Porsche argentée conduite par le TC no 7] omettre de s’arrêter à la demande d’un agent de police [on sait qu’il s’agissait de l’AT no 1] qui effectuait le contrôle de la vitesse des véhicules au moyen d’un radar sur l’avenue Sheppard Ouest. La TC no 5 a vu la Porsche omettre de s’arrêter à deux feux rouges et tourner vers la droite (sud) sur la rue Keele, monter sur le trottoir puis entrer en collision avec un panneau et un boîtier d’alimentation électrique. Un véhicule de police ayant activé ses gyrophares et sa sirène [on sait qu’il était conduit par l’AI et l’AT no 1] est passé à côté de la TC no 5 après que le TC no 7 eut fait de même.

À 15 h 34 min 25 s, la TC no 6 téléphone au 9-1-1. Elle dit qu’elle se trouvait au restaurant Dairy Queen situé au 1420, avenue Sheppard Ouest lorsqu’elle a entendu une sirène de police. La TC no 6 a vu un véhicule [on sait maintenant qu’il s’agissait de celui du TC no 7] poursuivi par un véhicule de police. Elle a vu le véhicule du TC no 7 être impliqué dans une collision, mais sa vision était obstruée par un autobus et un camion. La TC no 6 a vu le TC no 7 sortir du véhicule et courir. Elle a vu un véhicule de police arriver et s’arrêter. Un agent [on sait maintenant qu’il s’agissait de l’AT no 1] est descendu du véhicule et a poursuivi le TC no 7.

À 15 h 34 min 58 s, l’AT no 1 indique par radio qu’il a un homme [on sait maintenant qu’il s’agissait du TC no 7] sous sa garde. Il affirme qu’il fait partie de l’unité de police se trouvant au 1645, avenue Sheppard Ouest, ajoutant que le TC no 7 s’était enfui de l’AI et de lui à bord de son véhicule, puis qu’il était descendu de celui-ci et avait pris la fuite. L’AT no 1 dit que le TC no 7 avait sauté par-dessus quelques clôtures et s’était retrouvé à cet endroit.

À 15 h 40 min 28 s, l’AI dit au répartiteur qu’il va revenir sur le chemin du TC no 7.

À 15 h 44 min 26 s, l’AI indique être revenu à l’intersection de la rue Keele et de l’avenue Sheppard Ouest et que la Porsche impliquée dans la collision est la même (que celle conduite par le TC no 7).

À 15 h 49 min 57 s, l’AT no 1 demande par radio qu’on envoie une autre unité sur place. À 15 h 57 min 13 s, l’AT no 4 signale par radio qu’il est sur les lieux avec l’AT no 1 et que tout va bien. À 16 h 3 min 39 s, l’AT no 1 demande au répartiteur de confirmer qu’une ambulance se rendra là où il se trouve. L’AT no 1 indique que le TC no 7 a des coupures et éraflures aux bras et qu’il se plaint d’une douleur aux jambes.

À 16 h 4 min 50 s, le répartiteur téléphone au service d’ambulance pour qu’on envoie une ambulance au 15, Norman Wesley Way. À 16 h 29 min 27 s, l’AT no 1 est informé par le répartiteur que la première ambulance a dû répondre à un autre appel, mais qu’une autre ambulance a été dépêchée. On lui dit que la nouvelle ambulance est encore loin, à l’intersection de Kipling et Rexdale.

À 16 h 42 min 52 s, l’AT no 4 signale que l’ambulance n’est plus nécessaire, car il transportera lui-même le TC no 7 à l’Hôpital régional Humber River.

À 16 h 51 min 46 s, l’AT no 4 arrive à l’Hôpital régional Humber River.

Éléments obtenus auprès du Service de police

Sur demande, l’UES a obtenu les documents et éléments suivants du SPT, et les a examinés :
  • déclarations de témoins civils supplémentaires;
  • enregistrements des communications;
  • rapport sur les détails de l’événement du système de répartition assistée par ordinateur;
  • notes prises sur les lieux de la collision par deux agents non désignés;
  • données du système GPS et du système de localisation automatique des véhicules;
  • enregistrements vidéo du système de caméras à bord du véhicule;
  • renseignements (criminels) – TC no 7;
  • renseignements (procuration) – TC no 7;
  • rapport sur une collision de véhicules automobiles;
  • notes des AT et de l’AI;
  • politique – poursuites visant l’appréhension de suspects;
  • déclarations de témoins civils supplémentaires recueillies par le SPT;
  • liste des témoins civils dressée par le SPT;
  • courriel du SPT à propos des agents concernés et du trajet de la poursuite.

Éléments obtenus auprès d’autres sources

L’UES a également obtenu les éléments suivants auprès de sources autres que la police :
  • dossiers médicaux – clinique médicale Davisville – plaignante no 2;
  • dossiers médicaux – Humber – plaignant no 1;
  • enregistrement de la caméra de circulation de la Ville de Toronto.

Description de l’incident

Il est possible d’établir clairement les principaux événements qui se sont produits au moyen des éléments de preuve recueillis par l’UES, qui comprennent des entrevues avec l’AI et son partenaire, l’AT no 1, qui se trouvait sur le siège du passager du véhicule de police, ainsi qu’avec plusieurs témoins civils. Dans le cadre de l’enquête, on a également bénéficié d’un enregistrement vidéo de la poursuite capté par le système de caméras à bord du véhicule de l’AI.

Dans l’après-midi du jour en question, l’AI et l’AT no 1 effectuaient le contrôle de la vitesse des véhicules. Ils avaient garé leur véhicule dans l’entrée du parc Downsview Dells, sur l’avenue Sheppard Ouest, et enregistraient la vitesse des véhicules circulant vers eux en direction est au moyen d’un appareil portatif. Vers 15 h 30, l’AT no 1 a détecté un véhicule – une voiture Porsche Cayenne – s’approchant de lui à une vitesse atteignant 80 km/h. La limite de vitesse dans ce secteur est de 50 km/h. L’agent s’est avancé sur la route pour faire signe au conducteur de s’arrêter. Toutefois, le véhicule a accéléré et a continué de circuler vers l’est, s’éloignant de l’agent.

L’AT no 1 s’est dirigé vers le sud, là où se trouvait le véhicule de police. L’AI, remarquant que son partenaire s’approchait, s’est avancé avec le véhicule pour le rejoindre. Étant donné qu’un véhicule avait omis de s’arrêter, l’AI, accompagné de l’AT no 1, qui était monté dans le véhicule de police, s’est rendu sur les voies en direction est de l’avenue Sheppard Ouest pour tenter d’intercepter le véhicule en fuite. Toutefois, à ce moment-là, la Porsche n’était plus visible, car elle se trouvait de l’autre côté d’une élévation dans la route, à l’est de l’endroit où étaient les agents.

Le conducteur de la Porsche circulait à grande vitesse en direction de l’intersection de la rue Keele, à 820 mètres environ à l’est de l’endroit où l’AT no 1 avait tenté de le faire s’arrêter. Pendant sa fuite, il a brûlé un feu rouge à l’intersection de la route Sentinel, du mauvais côté de la route. Puis, alors qu’elle s’approchait de la rue Keele à une vitesse atteignant 100 km/h, la Porsche a encore une fois brûlé un feu rouge, lequel contrôlait la circulation en direction est, s’est engagée dans l’intersection et est entrée en collision avec un camion fourgon qui circulait en direction sud. La collision a poussé le camion fourgon contre une fourgonnette plus petite qui se trouvait directement derrière lui, dont le plaignant no 1 était passager. Le plaignant no 1 a subi une fracture du poignet droit pendant la collision.

Après son impact avec le camion fourgon, la Porsche a fait un virage étroit vers la droite, a croisé le chemin d’un autobus de la CTT circulant en direction sud dans la voie en bordure de la rue Keele, est montée sur le trottoir et a heurté un banc près d’un abribus. Parmi les personnes attendant l’autobus à cet arrêt se trouvait la plaignante no 2. Elle a été heurtée par la Porsche et est tombée au sol. La plaignante no 2 a subi de graves blessures, notamment une fracture de la colonne vertébrale.

Au moment de la collision, l’AI se dirigeait toujours vers l’intersection de la rue Keele. L’agent n’a jamais revu la Porsche après l’avoir perdue de vue avant la collision. D’ailleurs, ni lui ni l’AT no 1 n’étaient au courant de la collision tandis qu’ils s’approchaient de la rue Keele, et une ou plusieurs personnes se trouvant au coin sud-ouest de l’intersection ont indiqué aux agents qu’un homme courait en direction ouest derrière eux sur le trottoir sud de l’avenue Sheppard Ouest. Croyant qu’il s’agissait du conducteur de la Porsche, les agents ont fait demi-tour sur l’avenue Sheppard Ouestet ont commencé à poursuivre l’homme.

La personne qui fuyait les lieux – le TC no 7 – a été arrêtée par l’AI après une poursuite à pied.

Ce n’est qu’après coup que les agents ont compris qu’il y avait eu une collision et qu’elle impliquait la Porsche qu’ils poursuivaient.

Dispositions législatives pertinentes

Article 320.13, Code criminel – Conduite dangereuse causant ainsi des lésions corporelles

320.13 (1) Commet une infraction quiconque conduit un moyen de transport  d’une façon dangereuse pour le public, eu égard aux circonstances.

(2) Commet une infraction quiconque conduit un moyen de transport d’une façon dangereuse pour le public, eu égard aux circonstances, et cause ainsi des lésions corporelles à une autre personne.
 

Paragraphes 144 (18) et 144 (20), Code de la route – Feu rouge - Exception

144 (18) Le conducteur qui s’approche d’une signalisation de la circulation dont le feu est rouge et qui fait face à ce feu arrête son véhicule et ne repart que lorsque le feu vert est allumé.

144 (20) Malgré le paragraphe (18), le conducteur d’un véhicule de secours, après avoir immobilisé son véhicule, peut continuer de rouler sans attendre le feu vert, s’il peut le faire en toute sécurité.

Analyse et décision du directeur

Le 20 août 2020, le plaignant no 1 et la plaignante no 2 ont été blessés, pour des raisons hors de leur contrôle, dans le cadre d’une collision de véhicules automobiles. La collision a été causée par une voiture – une Porsche Cayenne – qui s’est engagée dans une intersection en brûlant un feu rouge. Au moment de la collision, la Porsche était poursuivie par un véhicule du SPT conduit par l’AI. L’AI a donc été désigné en tant qu’agent impliqué aux fins de l’enquête de l’UES. Après avoir examiné les éléments de preuve, j’estime qu’il n’y a aucun motif raisonnable de croire que l’AI a commis une infraction criminelle relativement à la collision.

L’infraction possible à l’étude est la conduite dangereuse causant ainsi des lésions corporelles aux termes du paragraphe 320.13(2) du Code criminel. Cette infraction est fondée, en partie, sur une conduite constituant un écart marqué par rapport à la norme de diligence que respecterait une personne raisonnable dans les mêmes circonstances. Dans l’affaire qui nous concerne, la question à trancher consiste à déterminer s’il y a eu, de la part de l’AI, un manque de diligence qui aurait causé la collision, ou y aurait contribué, et qui est suffisant pour justifier le dépôt d’accusations criminelles. À mon avis, ce n’est pas le cas.

L’AI s’acquittait bien de ses fonctions lorsqu’il a décidé de poursuivre la Porsche après qu’elle eut omis de s’arrêter et que le conducteur eut accéléré pour fuir les agents. Le partenaire de l’AI avait enregistré pour ce véhicule une vitesse dépassant la limite et indiqué clairement au conducteur de s’arrêter. Aux termes du Règl. de l’Ont. 266/10, qui régit les poursuites policières dans la province, les agents sont autorisés à amorcer une poursuite pour une infraction au Code de la route si les considérations relatives à la sécurité publique le permettent. Je suis d’avis que les circonstances semblaient favorables à cette poursuite, du moins au début de celle-ci.

Ainsi, on voit bien que la poursuite a pris fin peu après avoir commencé. Au moment où les agents ont commencé à accélérer en direction est pour suivre la Porsche, cette dernière était sortie de leur champ de vision et s’approchait rapidement de la rue Keele. Même s’il semble que l’AI ait atteint des vitesses dépassant 80 km/h pendant une brève période alors qu’il tentait de rattraper la Porsche, il est évident qu’il n’a pas réussi à le faire et qu’il était bien loi derrière celle-ci lorsque la collision s’est produite. Pendant cette courte période, sur une distance d’environ 800 mètres tout au plus, l’agent a effectivement brûlé un feu rouge, à la hauteur de la route Sentinel, et il a parfois circulé dans les voies de virage à gauche en direction ouest. L’AI aurait dû s’arrêter complètement au feu rouge, conformément au paragraphe 144(20) du Code de la route; toutefois, l’enregistrement du système de caméras à bord du véhicule révèle qu’il a grandement ralenti lorsqu’il s’est approché de l’intersection de la route Sentinel, avant de s’engager dans celle-ci de façon sécuritaire. En outre, rien n’indique que des automobilistes dans le secteur ont dû effectuer des manœuvres d’évitement en présence du véhicule de police, même lorsque celui-ci circulait en sens inverse dans les voies de virage à gauche. Il convient également de noter que l’AI avait activé ses gyrophares – et qu’ils ont donc été en marche pendant toute la poursuite –, en plus d’activer sa sirène de façon intermittente, et qu’il circulait sur une chaussée sèche dans des conditions météorologiques favorables; ces facteurs ont atténué les risques associés à la vitesse élevée de l’agent.

À la lumière de ce qui précède, je suis d’avis que l’AI s’est comporté dans les limites de diligence prescrites par le droit pénal pendant cette poursuite très brève, et que le conducteur de la Porsche, qui a eu toutes les occasions de mettre fin à sa conduite dangereuse, mais qui ne l’a pas fait, est le seul responsable de la collision. Par conséquent, il n’y a aucun motif de porter des accusations criminelles contre l’AI, et ce dossier est clos.


Date : 16 février 2021



Approuvé par voie électronique par

Joseph Martino
Directeur
Unité des enquêtes spéciales

Notes

  • 1) L’avenue Sheppard Ouest comporte quatre voies : deux pour la circulation en direction est et deux pour la circulation en direction ouest, avec une voie centrale commune pour le virage à gauche. On sait que l’AI conduisait le véhicule de police et qu’il circulait en direction est sur l’avenue Sheppard Ouest depuis le parc Downsview Dells, situé au 1651, avenue Sheppard Ouest, se dirigeant vers la rue Keele. [Retour au texte]

Note:

La version originale anglaise signée du rapport fait autorité. En cas de divergence entre cette version et les versions anglaise ou française en ligne, la version originale anglaise signée du rapport l’emporte.